Plantés dans le cadre de l’opération de reboisement de la ville, ils subissent des attaques humaines.

Dans les bois de la capitale, les arbres ont des noms, parlent et saignent. A celui situé non loin de la Sonel centrale, des amoureux se sont appropriés quelques plants, y taillant initiales, cœurs et autres cupidons. Plus hardis, d’autres visiteurs n’hésitent pas à prélever écorces, feuilles et branches. Les eucalyptus réputés soigner toux et rhume, souffrent le plus des agressions. A la nouvelle route Bastos, la forêt d’eucalyptus plantée il y’a quelques années pour assécher le marécage a allégrement perdu des sujets. Au regard des souches en décomposition, une vingtaine a été abattu. Par qui ? « L’on se saurait le dire clairement. Mais les concernés ne se cachent même pas pour le faire. Ils abattent les arbres en plein jour, à la hache, ou à la machette. Nous soupçonnons que c’est pour fabriquer du charbon ou pour faire du bois de chauffe », assure un laveur de voiture exerçant dans la zone. Avec ces coupes répétées et illégales, le bois est désormais clairsemé. Tandis que l’activité d’extraction d’écorces s’intensifie dans d’autres sites.

« C’est tout le temps que nous trouvons des gens entrain d’arracher les écorces des arbres. Lorsque nous les interpellons, ils disent que ce sont les arbres du gouvernement et n’appartiennent à personne. Heureusement que leur régénérescence est assez rapide, sinon on ne trouverait plus un seul arbre ici », se plaint un agent d’entretien rencontré dans le parc situé à quelques pas de la Sonel centrale. Face à ces désinvolture et actes de vandalisme, le délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé a fini par sortir de ses gonds. Dans un communiqué signé publié le 10 février dernier, Gilbert Tsimi Evouna déplore cette situation et rappelle qu’ « un arbre dépourvu de son écorce est non seulement sensible aux multiples attaques mais aussi susceptibles de dépérissement ». Cette pratique étant de nature à inhiber tous les efforts de la CUY à doter Yaoundé d’un couvert végétal contribuant au bien-être de tous, le délégué rappelle aux auteurs de ces actions qu’ils sont passibles de sanctions en matière d’aliénation des biens publics. Lesdites sanctions vont d’un mois à deux ans d’emprisonnement et d’une amende de 20.000 à 120.000Frs.

Depuis quelques années, la CUY a consentis des nombreux investissements pour l’embellissement de la capitale. Des bois, des parcs, et autres jardins ont été aménagés en différents lieux. D’importantes transformations qui ont fait de Yaoundé en 2010, l’une des 120 villes du monde ayant connu des améliorations notables au cours des cinq dernières années.