Il use de son apparence physique impressionnante pour leur estorquer de l’argent.
Il est gros, notoirement gros. Ses kilos qu’il traîne lourdement aux alentours de la poste centrale lui valent d’ailleurs le sobriquet éponyme. Le teint extrêmement sombre, boudiné dans un pantalon Jean et un tee-shirt en fin de vie, le jeune homme ne passe pas inaperçu. D’ailleurs, il ne fait rien pour. Dès les premières heures de la matinée, « Le gros » dont personne ne connait la véritable identité, investit quelques endroits stratégiques du rond-point de la poste centrale : feux, passages cloutés… Une pierre à la main, il se fait volontiers menaçant à l’endroit des automobilistes. « Il barre régulièrement la voie aux véhicules des particuliers, leur réclamant de l’argent. Il vise surtout les femmes. Au cas où on ne lui donne rien, il peut causer des dégâts. Il est même déjà allé jusqu'à rayer une voiture à la descente SNI. Ce jour-là, l’automobiliste en colère a sorti un poignard pour en finir avec lui », témoigne un vendeur à la sauvette exerçant non loin de l’immeuble SNI.
Le « phénomène » est apparu dans les artères de Yaoundé en 2010. A cette époque-là, il faisait alors des apparitions sporadiques dans les rues du marché Mokolo. Là-bas, des habitués des lieux affirment qu’il est plus plaisantin qu’agressif. « Il mettait beaucoup d’ambiance ici avec ses facéties. Son gabari effrayant déroute. C’est pourquoi de nombreuses personnes prennent la fuite à sa vue, avant même qu’il ne tente un geste dans leur direction. Il embête surtout les femmes », confie un badaud. A l’esplanade de la boulangerie Acropole où il a récemment pris ses quartiers, « le gros » est très mal vu. « Il n’est certes pas véritablement agressif. En tout cas, il n’a pas encore agressé un client, mais il leur fait tout de même peur. Nous l’invitons donc calmement à se tenir loin », assure un vendeur de la boulangerie.
A la poste centrale, ses faits d’arme sont peu glorieux et n’amusent pas toujours la galerie. Une vendeuse de croquettes rapporte en effet que « le gros » a vidé, il y a quelques jours, une bouteille d’urine sur un passant ayant refusé de lui donner de l’argent. Au poste de police situé dans la zone, l’on ne semble pourtant pas au courant de ces nuisances. « Nous n’avons reçu aucune plainte. Si « le gros » agressait les gens, nous l’aurions déjà interpellé. Ce n’est qu’un mendiant unique en son genre qui utilise son apparence physique pour impressionner ses victimes », assure un agent de police.
De l’avis d’une « call-boxeuse » rencontrée à la poste centrale, le comportement du « gros » serait dicté par les frustrations que lui cause sa physionomie. « Il se sent isolé et rejeté par la société. Il a besoin qu’on s’occupe de lui. C’est sa façon d’attirer l’attention », affirme-t-elle. A l'en croire, « le gros » a un côté sociable que beaucoup ignorent. Le mendiant serait d’ailleurs issu d’une famille plutôt nantie, du côté du quartier Oyom-Abang.
