Sur le marché, cette conserve jadis prisée a perdu son huile et surtout son goût.
« J’aime la sardine en boîte avec n’importe quel accompagnement, surtout le riz. Mais depuis quelque temps, l’envie de manger de la sardine m’a quitté ». Ainsi s’exprime Jules Mpoam, fonctionnaire à Yaoundé. C’est que, sur le marché, la sardine en conserve que les consommateurs appréciaient jadis a perdu aujourd’hui plusieurs points.
D’abord au niveau de l’offre. « La sardine en conserve est de plus en plus rare sur le marché. Et cette situation s’est accentuée depuis le mois d’octobre 2011 », affirme Jean Mendoua, commerçant. Et de l’avis de Michel Fotso, responsable d’une superette, cette rareté entraîne une augmentation des prix. « En octobre dernier, le carton de sardines en boîte coûtait 13500 F. Depuis le mois de novembre, le carton est vendu 18 500 F, voire 19 000 F », déplore-t-il. Les marques sont pourtant de plus en plus diversifiées dans les rayons et les étals. « Il y a quelques années, on connaissait seulement la sardine en provenance du Maroc. Maintenant, les sardines viennent de partout », lance un commerçant.
Cette situation amène les uns et les autres à s’interroger sur la qualité de cet aliment. « Les fabricants nous trompent. Sur la boîte, c’est écrit sardines à l’huile, mais quand on ouvre, c’est plutôt de l’eau qu’on trouve à la place de l’huile », se plaint une consommatrice. Pour Mireille T. ménagère, la sardine n’existe plus parce que son odeur a disparu. « Il y a 15 ans, une seule goute d’huile de la sardine qui tombait sur toi pouvait sentir toute la journée. Maintenant, on ne sent plus rien », déplore-t-elle. Un commerçant rencontré au marché Mvog-Mbi, croit savoir que cette mauvaise qualité est due à l’appât effréné du gain. « Les producteurs ne laissent pas bien sécher ou grandir les sardines, parce qu’ils veulent vite vendre », suppose-t-il. Ce gérant d’alimentation se demande d’ailleurs si les produits viennent réellement d’Asie comme mentionné sur les boîtes. « Les boîtes de sardines ont presque toute la marque « made in Thailand » ou d’autres pays asiatiques. D’autres ont deux pays d’origine et ceci nous inquiète à la fin », souligne Jules Mendoua.
Pourtant, les boîtes disparaissent sur les étals des boutiques, même si la commercialisation se fait en dents de scie. L’achat fréquent de cette denrée alimentaire par les clients est également lié au prix de détail. Le prix d’une boîte moyenne oscille entre 400 et 600 F. « Les gens achètent quand même. Il y a des jours où je vends beaucoup de sardines, et d’autres pas. C’est une question d’envie », lance nonchalamment une commerçante. Selon elle, lorsque quelqu’un veut vraiment manger de la sardine, rien ne l’arrête.
