Pourquoi les écoles ? La nouvelle cible de la secte ne semble pas déterminée par des questions idéologiques. Ce n’est pas, comme dans l’Afghanistan du temps des Talibans, l’instruction à l’occidentale que ces fondamentalistes aspirant à épurer le Nord du Nigeria de chrétiens et à instaurer la charia (loi islamique) dans tous les Etats de cette région remettent en question. Par cette nouvelle guerre, Boko Haram ne ramène non plus son pays au débat qui secoua l’Afrique aux premières années de la colonisation autour de la question « faut-il laisser nos enfants aller à l’école des Blancs ? Ce qu’ils y gagnent vaut-il ce qu’ils y perdent ? » Une tourmente que l’écrivain sénégalais Cheikh Hamidou Kane a si bien captée dans son roman « L’aventure ambiguë » paru à Paris, en 1961 aux Editions Juliard. Non ! La secte islamique déclare répliquer, à travers la destruction des écoles, à l’arrestation par les autorités de maîtres d’écoles coraniques. Lesquels, selon des sources officielles, ont été interpellés pour leur connexion avec la secte islamiste. Dans ce contexte, la décision du gouverneur de l’Etat de Borno de reconstruire les écoles détruites et de subventionner 10 000 écoles coraniques apparaît comme un geste d’apaisement.
N’empêche que sur le terrain des violences, Boko Haram s’est encore signalé, dimanche dernier, par un attentat-suicide contre une église à Jos. Avec comme bilan, au moins seize personnes tuées et plusieurs dizaines de blessés. Les chrétiens visiblement ne sont pas au bout de leur calvaire. C’est là qu’apparaît de nouveau le véritable visage de Boko Haram dont la collision supposée ou réelle avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) laisse peu de doutes sur sa nature terroriste. En s’en prenant à l’école, c’est l’avenir de la population, dans ce pays où le taux de scolarisation a augmenté, ces dernières années, se stabilisant autour de 76% dans le primaire, que Boko Haram chercherait à compromettre.