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Dossier de la Rédaction

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Pr. Ntuda Ebodé : « Des rebondissements en perspective au Mali »

Les explications du chef du Centre de Recherche d'Etudes Politiques et Stratégiques (CREPS°-UY2-Soa), après le putsch.


Quelle lecture faites-vous du putsch survenu jeudi dernier au Mali ?

Plusieurs types de lectures peuvent être faits. Mais ici, je me limite à trois. La première serait de considérer ce putsch comme un effet collatéral des troubles en Afrique du Nord; essentiellement la guerre de Libye; dans la mesure où on sait qu’une bonne partie des armes en circulation dans ce pays viennent des stocks orphelins d’Afrique du Nord.

La deuxième lecture…

Elle partirait de la tradition des coups d’Etat des jeunes officiers, parfois supérieurs, mais souvent subalternes, non seulement au Mali, mais dans bon nombre de pays d’Afrique de l’Ouest, pour s’interroger à la fois sur la relation au pouvoir politique des militaires d’une part, et sur la notion de discipline dans les rangs de ces militaires d’autre part. En tout cas, en rapport à la politique, une tendance semble se dégager du comportement des armées dans cette sous-région. Elle indique que les jeunes sous-officiers sont plus portés vers les coups d’Etat que les officiers superieurs. Cela donne l’impression d’une indiscipline des troupes, (ce qui renvoi aux modalités de leur formation et de gestion des carrières), et peut être aussi, de l’existence d’un véritable conflit de génération dans la corporation militaire, lequel conflit déborde de temps en temps dans la sphère politique.

Et la troisième…

La troisième posture de lecture serait de s’interroger sur les raisons profondes de ce coup d état qui intervient à la veille d’une élection à laquelle le président sortant a dit ne plus être candidat. De cette posture, deux points de vue se dégagent. On peut lire cet acte comme une initiative des partisans d’ATT (Amadou Toumani Touré, ndlr), mecontents de son retrait, ou alors de ses opposants qui lui reprocheraient cette fois, les défaites que l’armée malienne semble subir face au rebelles. Et donc, la nature polemologene de l'héritage qu'il s apprêterait à leur léguer.

Ce coup d’Etat était-il prévisible ?

En soit, ce coup d'Etat n'était pas prévisible, même si la guerre civile devenant de plus en plus intense, laissait entrevoir des conséquences politiques. Le président étant militaire et chef militaire, on pouvait s’imaginer le comportement d’une partie de la corporation militaire suite à la perte de certaines batailles. Mais, on ne pouvait pas envisager que cela pourrait aller jusqu'à un coup d'Etat.

Pourquoi ATT qui est aussi arrivé au pouvoir par coup d’Etat n’a, semble-t-il, rien vu venir ?
Il est peu probable qu’il n’ait rien vu venir. C’est certain qu’il a eu des informations. Mais, en raison de la guerre civile et du fait qu’il n’était plus candidat aux prochaines élections, il n’a pas jugé utile d’anticiper, considérant ces renseignements comme des rumeurs qui, comme on le sait, ne manquent pas en pareille circonstance.

Comment s’annonce la suite des événements dans le pays ?

Difficile de le dire. Une chose est sure, ce coup annonce d’autres coups. On ne devrait pas être surpris d’une fin de processus à la guinéenne.

En clair, les mutins ne rendront pas de sitôt le pouvoir aux civils ?

L’histoire nous apprend que dans certains cas les militaires ont été sincères et dans d’autres non. Mais dans la situation actuelle, ces jeunes officiers auront du mal à s’imposer tant sur le plan national qu’international. Tout semble indiquer que nous ne sommes pas face à un coup d’état vraiment réussi et accepté. Tout reste encore possible.

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