La bifurcation est tentante. L’embouteillage sur le tronçon Mvog-Mbi-Carrefour Coron force les automobilistes à se diriger dans le marché. Peut-être sauvés des bouchons, mais pas de l’état approximatif du bitume à l’intérieur du marché. Il faut gérer entre deux obstacles. D’abord les marchands. Ils ont envahi la chaussée, grappillant chaque jour quelques centimètres, pour installer leurs comptoirs par terre. Puis, il y a la route en elle-même, ou du moins ce qu’il en reste. Des trous béants la partagent en deux, laissant peu de place aux piétons. En plus, l’incivisme permanent des conducteurs rend les choses plus compliquées. Sur ce passage reliant les carrefours Mvog-Mbi et Mvog-Atangana Mballa, plusieurs poissonneries et autres commerces se servant de gros porteurs sont installés. Lundi, le camion d’une poissonnerie s’est garé sans scrupule en pleine chaussée, forçant les véhicules à se disputer le reste du passage.
Après moult manœuvres, certains parviennent à se dégager de ce bourbier, non sans lancer quelques jurons au propriétaire du camion. « C’est comme ça que tout le monde se comporte ici. Aucune patience. Tu fuis l’embouteillage de Mvog-Mbi pour être bloqué dans le marché à cause d’un véhicule mal garé », s’exaspère un chauffeur de taxi. Et les piétons trinquent. Entre des ménagères stressées devant jeter un œil sur la brouette du petit pousseur, des commerçants pressés d’écouler leur stock ou encore des badauds flânant entre les artères du marché, les conducteurs ont souvent du mal à se concentrer. « Il y a une semaine, un taximan a renversé un vieux monsieur qui venait pourtant en face de lui, tout ceci parce qu’il n’y a pas assez d’espace pour nous tous », témoigne une bayam-sellam. En période de pluie, la vétusté de la route est accentuée par une boue glissante.
Au fil des années, la population du marché Mvog-Mbi n’a cessé de s’accroître, réduisant considérablement l’espace pour les commerçants et les usagers. Les travaux de réfection envisagés sur ce tronçon par la Communauté urbaine de Yaoundé devraient les réjouir, mais ce n’est pas le cas. Nombre de commerçants craignent une délocalisation du marché au moment de la réhabilitation, à un autre endroit de la ville, plus reculé et moins fréquenté par la clientèle. En attendant, cette route continue d’être empruntée, malgré les désagréments.
Bientôt la réfection
La réhabilitation au marché Mvog-Mbi a déjà commencé avec le Projet d’assainissement de Yaoundé (PADY). Précisément en ce qui concerne le tronçon reliant les carrefours Mvog-Mbi et Mvog-Atangana Mballa, la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY) sera sous peu à pied d’œuvre. Il n’est pas uniquement question de la route dans le marché, mais aussi de construire des voies à l’intérieur de ces deux quartiers, pour les aérer et desservir des maisons. Le mot-clé utilisé est « restructuration ». Selon le chef du service de l’urbanisme de la Communauté urbaine, Jean-Marie Ndje, ce projet rentre dans les travaux de restructuration des quartiers. « Cette zone est à habitat spontané. En plus, elle est mal desservie par les différents réseaux. Et nous avons noté un manque d’infrastructures, d’eau, d’électricité et même d’équipements sanitaires. Il est également prévu d’introduire des réseaux d’eau potable et de conduction d’eau pluviale », explique-t-il. Pour répondre aux inquiétudes des commerçants et des usagers du marché Mvog-Mbi en rapport avec la délocalisation, la Communauté urbaine rassure tout de suite, « la voie ne va pas délocaliser le marché », même s’il est envisagé d’indemniser certains habitants qui auront présenté des titres fonciers. Un cahier de charge, devant imposer à l’avenir un type de construction à cet endroit, est aussi au programme.
