Le nouveau Centre de conférence de l’Union africaine, dans la capitale éthiopienne, a abrité mercredi 28 mars, le colloque et le congrès du Nepad. Il s’agissait d’une journée pour échanger et réfléchir sur l’avenir du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad). Les travaux du colloque qui, se sont déroulé sous le thème « Décennie de l’Afrique pour le changement : accélération de la mise en œuvre du Nepad par le biais du financement intérieur », ont été ouverts par le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi. En présence de leaders africains dont les anciens chefs d’Etat Olusegun Obasanjo du Nigeria, Jerry Rawlings du Ghana et Thabo Mbeki d’Afrique du Sud. Des ministres et diplomates africains ainsi que des représentants d’organisations internationales, partenaires au développement, universitaires, membres de la société civile ont également pris part aux travaux.
L’ordre du jour de cette rencontre internationale portait entre autres sur la contextualisation du Nepad au sein de l’ordre géopolitique continental et mondial, la mobilisation des ressources nationales pour financer le développement de l’Afrique, la gouvernance des ressources naturelles, la promotion du développement durable, et le chemin parcouru ces dix dernières années. Sur ce dernier point, il est clairement apparu dans les différents discours et les documentaires diffusés que, des mutations majeures ont eu lieu sur le continent à travers les programmes de l’Agence de planification et de coordination du Nepad. Cependant, beaucoup reste encore à faire et les défis sont nombreux. A titre d’exemple, l’intégration économique régionale demeure lente, les barrières douanières persistantes et les infrastructures routières à améliorer. De plus, de nombreux investissements restent tributaires de l’aide extérieure.
Après avoir identifié sans complaisance les maux qui empêchent le Nepad d’engranger davantage de résultats, les différents orateurs sont convenus que la mobilisation de ressources financières intérieures constitue la voie royale pour une meilleure performance. Mais comment y parvenir ? « On estime que l’Afrique perd chaque année des centaines de milliards de dollars à cause de la fuite des capitaux, de la fraude fiscale, du rapatriement des profits par les sociétés multinationales et du montant élevé du remboursement de la dette extérieure. Mais simultanément, le large secteur informel de l’économie possède des ressources financières considérables qui ne sont pas déposées sur des comptes en banque et qui ne passent pas non plus par d’autres canaux du secteur financier traditionnel », assure Samuel Gayi, économiste principal pour l’Afrique à la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) de Genève.
La mobilisation de 64 milliards de dollars US par an représentant un grand défi pour le Nepad, des experts ont suggéré d’innover dans les démarches de recherches de financements. Ainsi, d’aucuns ont proposé d’exploiter principalement les ressources disponibles auprès des fonds de pension publics et privés, des sociétés de services fiduciaires de l’Afrique. Mais aussi de renforcer l’épargne intérieure et d’amener les riches africains à investir sur le continent. Ce n’est qu’à ce prix que celui-ci pourra atteindre le développement tant souhaité.
