Les émissaires de la Communauté économique des Etats d`Afrique de l`Ouest (Cedeao) en route pour le Mali ont dû rebrousser chemin. La mission des six chefs d'Etat qui devaient aller exhorter la junte à renoncer au pouvoir a été annulée pour cause de manifestations à Bamako. Plusieurs pro-putschistes ont brièvement envahi le tarmac de l’aéroport. De sources concordantes, ils protestaient contre la venue de la délégation de chefs d’Etat. Des membres de la junte présents sur place, ainsi que des militaires chargés de la sécurité de l'aéroport, sont intervenus. Ils sont parvenus à convaincre les manifestants d'évacuer la piste, ont rapporté des médias français. Mais, le retour à la normale n’a pu arranger les choses.
Selon une source aéroportuaire, Alassane Ouattara, chef de l'Etat ivoirien et président en exercice de la Cedeao « était dans l'espace aérien malien. Il a fait demi-tour ». Blaise Compaoré, président burkinabé et médiateur dans la crise malienne, ainsi que Boni Yayi, chef de l'Etat béninois et président en exercice de l'Union africaine (UA) ont aussi annulé leur déplacement, selon des sources proches de leurs délégations respectives. Le chef de la junte, le capitaine Amadou Sanogo, présent à l'aéroport pour y accueillir la délégation ouest-africaine, a pu s'entretenir avec une délégation ministérielle de la Cedeao déjà sur place.
Mardi dernier, un sommet extraordinaire des chefs d’Etat ouest-africains avait réaffirmé la condamnation du putsch. Puis les présidents du Burkina, du Bénin, du Liberia, du Niger et du Nigeria, avaient décidé de l`envoi d`une délégation pour sommer les mutins d’abandonner le pouvoir et ainsi « permettre un retour rapide à l’ordre constitutionnel » au Mali. Mais, dès mercredi, des milliers de Maliens sont descendus dans la rue pour manifester leur soutien à la junte, critiquant la Cédéao. Le mouvement se sera donc poursuivi jeudi.
Par ailleurs, le président déchu, Amadou Toumani Touré, a de nouveau donné des signes de vie. Joint par des journalistes, il s’est dit favorable au plan proposé par la Cédéao, qui prévoit une transition dirigée par Dioncounda Traoré, président de l'Assemblée nationale dissoute par la junte.
Au moment où nous mettions sous presse, une réunion d'urgence était prévue entre des chefs d’Etats à Abidjan, pour discuter à la suite des manifestations ayant compromis la mission de la Cedeao.
