Charles Le Grand Tchagnegno décrypte le rituel dans la communauté Nguemba (Ouest).

« Veuvage, violences et résistances aux changements ». Le titre du livre est évocateur de la visée de l’auteur. Charles Le Grand Tchagnegno Téné démontre comment le rite, désormais honni, résiste au temps malgré les violences qui le caractérisent. Il s’appuie pour cela sur la communauté des Nguemba à l’Ouest, qui regroupe les villages Bameka, Bamendjou, Bansoa, Bamougoum et Bafounda. Ici, la pratique du veuvage débute après les lamentations consécutives à la mort du conjoint. Elle peut durer deux à neuf semaines ou même neuf mois dans des cas extrêmes et se décline en interdits, obligations et autres souffrances.

L’auteur cite, entre autres, les bastonnades, l’interdiction de se montrer en public, de saluer les gens, d’utiliser la cuillère pour manger, de dormir sur un matelas. Il y a aussi des humiliations comme aller nue, ou presque, au marigot pour le bain de purification. Mais à ces violences physiques et psychologiques qui n’épargnent pas pour autant les hommes, s’ajoutent de plus en plus les violences économiques. Le mercantilisme et la cupidité ont déjà tissé leur nid dans les sociétés traditionnelles. Les purificatrices ne se contentent plus d’un franc symbolique, mais s’emplissent les poches pour chaque micro-acte posé au cours du rituel. Et le total des dépenses peut souvent avoisiner 300 000 F pour une veuve, comme le révèle le livre.

Cependant, les victimes et leurs proches semblent réfractaires à tout allègement de ces formes de violences. La raison, C. Tchagnegno la donne dans quelques-unes des 192 pages de son ouvrage. Des croisades lancées par le gouvernement et les Ong de défense des droits de l’Homme n’y font rien. Et pour cause ! indique l’auteur, l’on s’est souvent attaqué au rituel plutôt qu’aux violences proprement dites. Le livre peut s’obtenir en ligne sur « www.get-morebooks.com » ou sur « amazon.fr ».