Cependant, la forte pression de la Cédéao sur les militaires maliens ne paraît constituer qu’une tempête dans un verre d’eau, à côté de l’invasion du Nord du pays et des conséquences prévisibles pour l’ensemble de la sous-région. La vraie menace viendrait, en effet, de la posture des rebelles du Mouvement national de libération de l'Azawad (Mnla) et des groupuscules islamistes, dont Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique), qui, ensemble, ont mis l’armée en déroute.
En s’adjugeant le compagnonnage de la nébuleuse terroriste, dont l’un des violons d’Ingres est la prise d’otages, le Mnla risque de se priver d’une bonne portion de la sympathie de l’Occident dans sa velléité de partition du Mali, à la soudanaise. Même si certaines de ses revendications se révélaient fondées. Mais à défaut de voir « l’Azawad » prospérer comme Etat autonome, les groupuscules terroristes qui y trônent désormais pourraient créer une zone de non-droit dans les modèles afghan ou somalien. De manière à renforcer une capacité de nuisance susceptible de secouer l’ensemble de la sous-région. Là se situe le principal challenge dont il faudrait peut-être prendre toute la mesure.
Il est à douter, en effet, de ce que ces bandes, qui ont étanché leur soif en armements dans les puits de la décadence de la Libye, limitent leur rayon d’action dans le Nord du Mali, alors qu’elles ont frappé bien plus loin par le passé. Qu’on se souvienne de l’attaque le 20 décembre 2011 d’un poste de gendarmerie à Addel Begrou au Sud de la Mauritanie ou de l’enlèvement le 16 septembre 2010, à Arlit au Nord du Niger, de salariés de l’entreprise française Areva.
La Cédéao, on le voit, a du grain à moudre, dans cette situation qui interpelle aussi les nations ayant brutalement sevré la Libye de leur concours, sitôt renversé le régime du colonel Kadhafi.