Dans un entretien accordé à Cameroon Tribune en septembre 2010, le ministre de l’Enseignement supérieur relevait que « la maximisation des institutions privées d’enseignement supérieur en médecine, technologie bio-médicale et médico-sanitaire, pharmacie, odonto-stomatologie correspond à une demande réelle. » L’offre des institutions classiques est effectivement insuffisante. Six facultés de médecine sont officiellement créées dans six universités d’Etat .Une dizaine d’instituts de sciences médicales ou de techniques bio-médicales ont officiellement vu le jour depuis l’arrêté ministériel de décembre 2001 fixant les conditions de création et de fonctionnement des Institutions privées d’enseignement supérieur. Pourtant, les étudiants camerounais dans les filières évoquées sont légion dans les universités étrangères. Selon le MINESUP, ils sont même majoritaires dans les universités ouest-africaines. Il a aussi noté que 40% de médecins formés au CUSS puis à la faculté de médecine de l’université de Yaoundé I (FMSB) exercent à l’étranger. Cependant, le rapport 2011 de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) fait apparaître que le Cameroun compte un médecin pour 5000 habitants. Le ratio OMS est de un médecin pour 1722 personnes. Le gap est énorme, d’autant plus que la répartition est très déséquilibrée entre les villes et les campagnes. Les besoins en formation sont donc réels.
Là où le bât blesse, c’est le risque de formation au rabais. Le président de l’Ordre national des médecins en septembre 2010, le Dr Sandjon, résumait cette inquiétude par une série de questions : ces écoles ont-elles des enseignants qualifiés ? Les laboratoires sont-ils équipés pour un bon enseignement ? Les stages de ces étudiants sont-ils bien encadrés ? Existe-t-il des hôpitaux d’application ? Ne risque-t-on pas de sacrifier la qualité à la quantité ?...Ces questions expriment en résumé l’autre côté des préoccupations de l’opinion publique. Personne, en effet, sous quelque prétexte que ce soit, ne veut servir de cobaye à une horde d’individus dont la blouse ne représenterait que la seule forme de garantie d’une pseudo-compétence. De tels individus poseraient même un problème de santé publique. Il y a lieu de souhaiter et d’espérer que cette commission ad hoc puisse accomplir sa mission, toute sa mission et rien que sa mission.