D’une manière générale, l’Inde avait établi sa réputation dans la mentalité des Camerounais comme étant le temple mondial des pratiques magico-religieuses d’où s’exportaient des formules miracles censées apporter à tout vent bonheur et prospérité au premier courageux demandeur.
Pourtant à l’indépendance indienne en 1947, le pays était considéré non seulement comme sous-développé, mais aussi incapable de nourrir sa population à cause d’une extrême pauvreté. Les images des femmes et enfants faméliques livrés à la mort à cause de la faim dans les ghettos de Calcutta et d’autres villes ont fait le tour du monde et suscité des associations caritatives comme celle de Mère Térésa, prix Nobel de paix en 1979. Où étaient donc ces formules et autres baguettes magiques de nature à faire sortir du chapeau le pain et le riz pour tous et promouvoir le développement du pays ?
A la vérité, le miracle économique indien qui fait du pays de Gandhi, apôtre de la non-violence, la septième puissance industrielle du monde par de grandes enjambées successives dans sa quête de la performance tient simplement, comme il est souvent le cas, à la vision et aux choix stratégiques des dirigeants mais aussi et sans doute plus déterminant au travail et au génie de sa population. Ce génie est aujourd’hui symbolisé par Bangalore, qui selon les analystes est la cité où se trouvent les racines du formidable envol économique de l’Inde. Une sorte de Silicon Valley à l’indienne, où grâce à une surabondance de cerveaux nationaux à bon marché le pays a développé une expertise informatique de haut calibre. Cette région abrite en effet les entreprises indiennes dans la technologie de pointe et attire également de nombreuses firmes occidentales qui y trouvent une main-d’œuvre performante mais à coût réduit. Les entrepreneurs nationaux qui y prolifèrent représentent le symbole de cette nouvelle Inde qui brille. Certains, dit-on, partis de rien, sont devenus millionnaires aujourd’hui. Que le Cameroun qui est résolument engagé, à travers le programme de la mise en œuvre de la politique des « Grandes Réalisations » dans le train de son émergence à l’horizon 2035 puisse compter parmi ses partenaires majeurs cette Inde qui développe son intelligence pour faire briller l’ensemble du pays, ne peut que conforter sur la justesse du choix des dirigeants. A ce titre, pour notre pays, les performances de l’Inde en agriculture, en industries modernes ainsi que dans les services et la croissance de sa population en font un marché incontournable et un partenaire économique de choix. C’est à n’en point douter dans cette dynamique qu’il faut situer la récente participation du gouvernement représenté par le ministre de l’Economie, de la Planification et Aménagement du Territoire, Emmanuel Nganou Ndjoumessi et le secteur privé avec à sa tête Christophe Eken, président de la Chambre de Commerce au 8e conclave sur les projets de partenariat Afrique-Inde organisé par la Confédération des industries indiennes et EXIM Bank.
Cette opération vient conforter les liens de coopération historiques entre les deux pays. Il faut également souligner que des rencontres fréquentes ces dernières années entre délégations de Yaoundé et New Delhi ont permis de dégager des projets d’investissement dans divers domaines dont les télécommunications, intrants agricoles, pétrochimie, industries et autres. Autant de raisons qui font de l’expérience indienne une piste riche et pleine de possibilités pour l’émergence à venir du Cameroun à l’horizon 2035.
