Autre question : au cas où il est définitivement établi que cette marchandise issue d’une importation illicite provenait d’un pays voisin, l’on ne peut que se demander comment le produit frauduleux a pu atteindre le consommateur final, dans l’un des marchés de la capitale, sans éveiller le moindre soupçon des divers services compétents (police, gendarmerie, douanes, etc). Et dire que chacun de ces services dispose au moins sur le papier, d’un maillage étoffé et supposé adapté à toute situation… A moins de considérer qu’il y ait eu une chaîne de complicités plus ou moins actives dans le déroulement des faits, ce qui tendrait à créditer la boutade d’un humoriste bien connu du terroir qui pense qu’au Cameroun , « tout se vend, tout s’achète ». Sous cet angle, il n’est pas à exclure donc que l’on puisse se retrouver un jour ou l’autre sous la menace même de déchets radioactifs, sans trop comprendre comment on a pu en arriver-là.
Car, en effet, à force de jouer avec notre « chère patrie » on a fini par ne plus s’imposer de limite dans la forfaiture, l’essentiel, l’unique motivation pour nos actes, actions et omissions étant de s’en mettre plein les poches, de prendre … sa part. On se rappelle qu’en interdisant l’importation du poulet congelé, les pouvoirs publics avaient pour souci de donner toutes ses chances à la production nationale dans ce sous-secteur, d’apporter un contenu concret au slogan « consommer camerounais ». Il s’agissait en plus de stimuler l’emploi et, corrélativement, d’ouvrir une piste porteuse dans la lutte contre le fléau que représente le chômage. En particulier celui des jeunes. Et voilà qu’une mesure conçue pour tonifier et consolider l’économie nationale est torpillée par des délinquants en col blanc dont les mauvaises pratiques plombent le développement de tout un pays.
Il y a urgence que les responsables, dépositaires de la puissance publique, redécouvrent véritablement le sens de l’Etat, de l’intérêt général. Les Grandes Réalisations voulues et prescrites par le président Paul Biya comme cap à atteindre par le Cameroun ne saurait être l’œuvre du chef de l’Etat tout seul. Loin s’en faut ! Au contraire, il appartient à chacun d’apporter du sien à ce qui ne peut être qu’une œuvre collective. Mais surtout de prendre conscience qu’au service de l’Etat, c’est-à-dire de la communauté nationale, la plus petite défaillance peut faire de l’agent public, un fossoyeur de la République. Activement ou passivement. Ce n’est donc pas toujours l’affaire des autres.