Activisme de soi-disant confrères, ignorance des populations… Les soucis sont nombreux.
Sur le terrain, les usagers les moins expérimentés confondent leurs missions. Cette ignorance fait passer les géomètres soit pour des architectes, des huissiers et même des ingénieurs du génie civil. Des fonctions pourtant distinctes. Certains profitent de cette confusion pour s’introduire dans la profession. Sur 500 géomètres énumérés au Cameroun, une cinquantaine d’entre eux est enregistrée à l’ordre. De quoi s’emmêler les pinceaux. La potentielle clientèle a alors du mal à distinguer le véritable professionnel du « bricoleur ». Angeline Kamnang, propriétaire d’une maison en chantier à Yaoundé, a consulté un géomètre il y a un an. « J’ai fait appel à un géomètre l’année dernière pour borner mon terrain. Jusqu’à maintenant, je n’ai reçu aucune facture. Je me suis rapprochée d’un autre récemment qui m’a semblé plus compétent », témoigne la dame. Et pour trouver la bonne personne, Angeline K. a consulté la liste de l’Ordre national des géomètres du Cameroun (OGEC).
Des données faussées ou la non-divulgation des résultats du travail demandé causent la suspicion chez les clients. Cette difficile reconnaissance du métier de géomètre est due à un manque d’informations. D’entrée de jeu, il est essentiel pour toute personne sollicitant l’expertise d’un géomètre de savoir exactement quel est son rôle. Comme l’explique Fabien Omboudou Ndjina, président de l’OGEC, « le géomètre-expert est le professionnel qui identifie, délimite, mesure, évalue la propriété immobilière publique ou privée, bâtie ou non, tant à la surface qu'en sous-sol. » En somme, il effectue des mesures sur le terrain et dessine un plan. D’après un autre géomètre, le foncier représente 25% de leur activité, et il y a donc 75% de leurs fonctions qui sont inconnus du grand public.
Il y a l’aspect juridique par exemple, duquel peut découler une autre difficulté. « Nous nous opposons régulièrement à des requérants lorsque nous devons diviser un terrain pour distribuer les parcelles aux membres d’une famille, ceci dans le cadre d’un partage d’héritage. Les gens s’en prennent à nous, parce qu’ils se demandent pourquoi on est là. Or, nous sommes là parce que nous maîtrisons la superficie, et pour nous assurer que les mesures sont exactes », explique un géomètre. Pour le président de l’ordre, en plus de la méconnaissance des usagers et des conflits sur le terrain, la formation de qualité empiète sur leur travail.
