En larmes, avec leurs petites voix fluettes, elles se sont efforcées à chanter : « Si nous t’aimons, Christ t’aime davantage. Il te conduira. Adieu papa, ta famille te dit adieu ». Par ce chant, les filles du professeur Mathieu François Minyono Nkodo ont généré une forte émotion de tristesse samedi dernier à Eyo dans le Nyong-et-Mfoumou, région du Centre. L’heure était venue de refermer le cercueil et de rendre le professeur émérite à la terre de ses ancêtres. Lui, qui a été fauché par une leucémie le 15 mars dernier, à l’âge de 68 ans. Pour accompagner ce grand homme de Lettres à sa dernière demeure, de nombreux membres du gouvernement, des élites du Nyong-et-Mfoumou et un parterre d’universitaires ont fait le déplacement d’Eyo.
A la suite des cérémonies traditionnelles, les hommes de Dieu ont confié l’âme du disparu au Très-haut. Le curé de la paroisse du village explique que le Pr. Minyono Nkodo était conseiller général et bâtisseur de leur paroisse, laquelle s’apprête à célébrer ses 50 ans en juin prochain. Aux rangs des témoignages, Dominique Minyono se souvient « d’un père bien veillant et rigoureux, quelqu’un qui aimait sa famille et lui a transmis sa devise, sérénité, dignité et piété ». L’un de ses meilleurs amis a raconté ses derniers instants : « il a connu beaucoup de souffrances physiques à cause de la maladie. Néanmoins, il trouvait la force pour préparer lui-même ses obsèques ». Il a alors désigné les acteurs de ce jour, a préparé les éléments de sa biographie et a réconcilié les familles.
L’ultime vœu du défunt était que soit créé un espace de lecture Minyono Nkodo à l’Université de Yaoundé I. Et « ce sera chose faite », a promis le Pr Jacques Fame Ndongo, qui se souvient, pour sa part, d’un architecte irremplaçable de l’introduction du système LMD au Cameroun. A 16 h, les honneurs militaires ont été rendus au Pr Minyono Nkodo et la terre d’Eyo s’est refermée sur lui, pour l’éternité.
