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Dossier de la Rédaction

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La démocratie « taclée »

Une fois de plus, le peuple se voit pris en otage dans une République confisquée par des soudards.


Ainsi donc les militaires ont remis ça. L’armée a choisi d’investir et d’occuper la scène politique bissau-guinéenne sans vergogne. Au mépris de la volonté du peuple souverain engagé dans un processus démocratique qui malgré ses couacs et ses imperfections pouvait bien s’autoréguler autrement. Notamment par une large concertation de toutes les forces patriotiques de ce pays qui a connu, on ne le souligne pas souvent assez, l’une des luttes de libération les plus héroïques du continent contre le colonisateur sous la houlette d’Amilcar Cabral, l’un des grands théoriciens et figure de prou du nationalisme africain. La densité de son discours politique était telle qu’on reste stupéfait aujourd’hui face aux revendications idéologiques vaseuses de ses prétendus successeurs 40 années après.

Certes, il n’est surtout pas question ici de faire un quelconque bilan de l’immense œuvre intellectuelle et idéologique d’Amilcar Cabral comme porte-flambeau des opprimés de l’Afrique lusophone et combattant de la liberté. Mais peut-on ne pas s’interroger avec raison sur l’incapacité chronique de la classe politique dirigeante, pourtant éduquée et bien formée, à asseoir un consensus national sur la gestion des ressources de l’Etat et le partage des valeurs républicaines comme cela se fait dans la République sœur du Cap-Vert qui a effectué de grandes enjambées en matière de bonne gouvernance et de développement économique et social. Efforts soutenus qui lui confèrent aujourd’hui une fierté africaine et internationale de pouvoir désormais figurer sur la « short list » des pays émergents du continent à l’image de Maurice, les Seychelles, le Botswana et la Namibie notamment. La Guinée-Bissau des militaires qui ont perpétré le coup d’Etat de jeudi dernier est hélas aux antipodes de ce schéma idyllique des pays qui avancent dans la voie du développement et de l’épanouissement de leur peuple. Qu’on en juge ! Depuis 1974, année de son indépendance, l’histoire de la Guinée-Bissau est jalonnée de putschs, de tentatives de coups d’Etat militaires et de violences politiques. Le pays est devenu, ces dernières années, selon l’ONU, la plaque tournante du trafic de cocaïne entre l’Amérique du Sud et l’Europe. La crise post-électorale est intervenue au lendemain du premier tour d’une élection présidentielle anticipée qui devait désigner le successeur du président Malam Bacai Sanha décédé en janvier dernier des suites d’une longue maladie. L’opposition menée par l’ex-président Kumba Yala, arrivé deuxième au premier tour avait dénoncé les « fraudes » et appelé au boycott du scrutin. La Cour suprême, la plus Haute juridiction du pays avait tranché sur les recours et fixé le second tour pour le 29 avril. L’armée en a décidé autrement. Voici donc la Guinée-Bissau de nouveau dans la spirale infernale de la violence politique. Contre l’intérêt supérieur du peuple qui se voit pris en otage dans une République confisquée par des soudards.

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