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Dossier de la Rédaction

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Kribi, attention, la mer avance

Le phénomène se manifeste par une érosion sévère, observable notamment vers les chutes de la Lobé.


K.O. L’arbre est étalé dans l’eau, comme un boxeur envoyé au tapis pour le compte. Racines à l’air, feuillage à l’eau, il est un des signes les plus manifestes de l’érosion à l’œuvre sur le littoral du département de l’Océan depuis quelques mois déjà. « Cet arbre nous servait de restaurant. On plaçait des chaises en dessous. La mer a commencé à creuser et il y a deux mois, l’a déraciné. Heureusement qu’il n’est pas tombé sur les boukarous. » Jules Pfouma, guide touristique, natif de la région, affirme que de manière cyclique, « tous les cinq ans », la côte souffre de ce phénomène. Mais que cette fois, l’érosion est particulièrement aiguë.

Ce n’est pas le couple Digoungou, habitant une maison au bord de l’eau, dans le voisinage des chutes de la Lobé, qui dira le contraire. Les fondations de la demeure sont attaquées, laissant voir les traces de « morsures » de l’eau, et l’escalier qui permettait de descendre jusqu’à la plage n’est plus qu’un vague souvenir. Tout au plus reste-t-il une marche, bout de ciment à peine visible entre les pierres disposées sur ce pan du rivage. Sur le côté droit, face à l’eau, un mur vient de tomber. « La maison existe depuis 25 ans. Au moment de sa construction, la mer était loin », explique le chef de famille, d’une voix qui doit dominer le bruit persistant du ressac. Coulant un regard impuissant vers le large, il ajoute : « Personne ne pouvait imaginer que… », sans vraiment achever sa phrase. Personne ne pouvait imaginer que l’eau viendrait pratiquement frapper à la porte un beau matin.


DE L’EAU ET DES BAS…

Et pourtant elle est là, l’eau. Traînant dans son sillage des dangers, faisant courir aux populations des risques. Risque de voir des habitations ou des installations commerciales emportées, de voir des parties de la ville encore plus exposées aux inondations – comme la route séparant le lycée technique de la mer, etc. En attendant, la situation a des conséquences immédiates sur la fréquentation des touristes aux chutes de la Lobé. La voie terrestre qui permettait d’atteindre le site est désormais impraticable pour beaucoup.

Renette Digoungou, les pieds dans l’eau ce jeudi matin, essaie d’assurer un couloir piétonnier à l’aide de pierres. Mais ce n’est pas du velours : un couple de visiteurs allemands arrivé par la suite devra se montrer habile pour ne pas glisser sur des bouts de rocher constamment mouillés. « Tout le monde ne peut pas passer par ici. L’autre voie c’est de prendre la pirogue, mais vous avez des touristes qui ont peur, alors ils rentrent sans avoir vu les chutes. Pourtant, les gens viennent d’abord pour les voir, avant même de manger les crevettes », explique la dame. Insensibles à ce dépit, les éléments de la Nature continuent leur ballet : la mer revient inlassablement bouffer le rivage, gagner du terrain, et le vent, lui, gifle et décoiffe à tout va.

Pourquoi un tel pic dans l’érosion du littoral de Kribi et environs maintenant ? Il semble que cette zone récolte ce que l’Homme a semé (voir interview du délégué départemental de l’Environnement, de Protection de la Nature et du Développement durable). Des actions nocives à l’équilibre environnemental, face auxquelles les autorités ont commencé à réagir. C’est ainsi qu’un arrêté préfectoral est récemment sorti, interdisant le prélèvement de sable sur les plages à des fins de construction. « Sans cela, assure un fonctionnaire en poste à Kribi, vous auriez vu des tas de camions défiler ici avec du sable. »

Mais face aux dégâts déjà enregistrés, il convient aussi d’apporter des réponses. En urgence. Un Gic local actif dans le domaine du tourisme a ainsi disposé des sacs de sable non loin des chutes de la Lobé. A peine une goutte d’eau dans la mer. Il faudra faire bien plus. Du côté de la commune d’arrondissement de Kribi 1er, où le problème est jugé sérieux, la possibilité d’une digue est évoquée pour le site. Son érection devra être très rapide : le sol continue d’être lacéré par l’eau, et Jules Pfouma craint que les prochaines pluies n’aggravent la situation. Si la mer doit maintenant menacer l’Océan…



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