Les commerçants décident de reprendre la sécurité du site de Youpwè en main, en réglant les salaires eux-mêmes.

Même si un calme apparent règne au marché aux poissons de Youpwè ce mardi matin, les commerçants restent prudents. La veille, les vendeurs de poisson fumé ont manifesté leur mécontentement face au non paiement des salaires des gardiens du site. D’après des informations recueillies de ce côté, les préposés à la sécurité de cet espace commercial étaient pris en charge par les commerçants eux-mêmes. Ces derniers reversaient toutes les fins de mois 1000 F. L’argent ainsi collecté servait au règlement des salaires des vigiles. Par la suite, la charge de conduire cette opération a été confiée à un bureau central au marché. Les gardiens ont passé deux mois sans salaire. Du coup, des abandons de poste ont été enregistrés. Des voleurs ne se sont pas fait prier pour en profiter. De nombreux coups ont eu lieu, dont le dernier date du 9 avril.

Furieux, les commerçants dépouillés ont décidé de se faire entendre. D’où les manifestations d’avant-hier. Ces opérateurs économiques ont ensuite émis le souhait de reprendre la gestion des gardiens. Le président du marché, Jacques Basile Mawell, d’accord, a juste exigé un représentant à qui confier les documents. Lorsque nous quittions les lieux hier, les différentes parties étaient entendues au commissariat spécial de Douala II.

Mais d’après des informations obtenues de sources concordantes, cette grogne n’est que la partie visible d’un véritable conflit à l’état latent. Les autorités de la ville de Douala et les différents consuls du Nigeria ont déjà fait plusieurs descentes pour ramener de l’ordre sur le site. Certains commerçants camerounais dénoncent la concurrence déloyale de la part de la communauté nigériane opérant ici.

En effet, en 2004, le préfet, le délégué du gouvernement et le consul du Nigeria de l’époque, ainsi que des commerçants camerounais et nigérians, avaient demandé l’application de l’article 7 du règlement intérieur de l’Association générale des commerçants du marché Youpwè (Agecomy), qui stipulait que les fumeurs de poisson ne feraient que cette tâche, de même que les pêcheurs et les vendeurs devaient rester dans leurs créneaux respectifs. Aujourd’hui, la disposition n’est plus respectée. Le chômage technique des commerçants camerounais et la rareté du poisson fait monter la moutarde un peu plus tous les jours, et la tension s’installe.