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Dossier de la Rédaction

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A chacun son rôle

A-t-on trop tôt cru à la mort du coup d’Etat ? Dans la mouvance d’une mondialisation qui bouscule le principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats et face à une communauté internationale qui, à loisir, met au pas les dirigeants rétifs à la démocratie, l’immixtion violente des militaires à la politique semblait condamnée. A trois semaines d’intervalle, le Mali et la Guinée-Bissau, en laissant cours à une « révolution kaki », apportent peut-être la preuve du contraire : les militaires n’ont pas tous perdu, en Afrique, le réflexe primesautier qui, pour une raison ou une autre, les pousse à bousculer l’ordre établi et à s’installer au pouvoir.

Le fait que certains coups de force bénéficient d’une sympathie à l’international, comme ce fut le cas au Niger en février 2010, lorsque l’armée a renversé un Mamadou Tandja devenu encombrant ou que certaines séditions sont soutenues, à bout de bras, dès leur éclosion, comme on l’a vu en févier 2011 en Libye, serait-il étranger à cette situation ?

Mais à regarder de près, les putschistes de Bissau comme ceux de Bamako n’ont semblé, à première vue, motivés par l’appétit du pouvoir. A l’inverse, tous, d’une manière ou d’autre, se sont apparemment retrouvés dos au mur. Une position très inconfortable pour un combattant sur un champ de bataille, mais la meilleure pour défendre le plus chèrement sa peau et provoquer le plus de dégâts. Dos au mur, les militaires l’ont, sans doute, été au Mali face à une rébellion surarmée qui ne cessait de ridiculiser une armée de métier sous-équipée et démoralisée, laissant des veuves de soldats morts au front désemparées, face à un pouvoir qui ne semblait pas trouver des ressources nécessaires à une riposte appropriée. Dans les rues de Bamako, en tout cas, il ne s’est pas trouvé beaucoup de monde, après coup, pour pleurer sur le départ du président Amadou Toumani Touré. A Bissau aussi, les militaires se sont retrouvés dos au mur pour avoir cru, à tort ou à raison, que leur carrière était compromise par la présence d’un contingent de soldats angolais auxquels la rumeur prêtait le dessein de remplacer l’armée, en cas de victoire, au second tour de la présidentielle, du candidat favori, Carlos Gomes Junior.

Une chose est sûre : la démocratie en construction en Afrique ne cantonnera définitivement l’armée dans les casernes que lorsque les politiques auront réussi, à travers une gouvernance acceptable, à ôter aux militaires le prétexte d’une vocation à jouer les sapeurs pompiers.

La pression exercée par la Cédéao et les grandes puissances occidentales sur la junte qui s’est emparée du pouvoir au Mali, obligeant celle-ci à le rendre, quitte à tirer les ficelles dans l’ombre, paraît, tout au plus, avoir fait école chez les « apprentis sorciers » dont les nouveaux maîtres de Bissau. Ces derniers ont peut-être compris qu’une fois le pouvoir à leurs pieds, il faut envisager assez tôt un retour à la vie constitutionnelle normale, pour mieux bénéficier dans l’ombre, des retombées du coup de force.

 

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