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Dossier de la Rédaction

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« Au nom du peuple… »

Si les sanctions infligées aux agents publics pour divers manquements sont monnaie courante ces dernières années, au point de devenir banales par leur récurrence, la révocation récente d’un magistrat a laissé perplexes plus d’un observateur. D’abord du fait de l’auteur de la sanction, le président de la République, dont on sait qu’il n’entre en scène qu’en cas d’importance avérée. Lorsque la situation l’exige. C’est-à-dire au terme d’une longue et méticuleuse procédure en aval et qui culmine avec une comparution en règle de l’intéressé devant le conseil supérieur de la magistrature présidé par le chef de l’Etat en personne.

C’est dire que pour le cas d’espèce, et au regard du dénouement qui en a découlé, que les charges retenues contre le mis en cause devaient être particulièrement lourdes. Au demeurant les termes du décret présidentiel sont sans équivoque : « trafic d’influence et tentative d’escroquerie ». La gravité des griefs ainsi relevés ne peut que décontenancer le justiciable, voire le citoyen ordinaire, tellement habitués qu’ils sont à vouer une admiration mêlée de crainte ces hommes et femmes d’une espèce particulière, qu’ils ne pouvaient, a priori, les imaginer capables d’une telle forfaiture. Surtout chez un haut fonctionnaire ayant déjà véritablement « roulé sa bosse » dans l’administration.

Et à ce stade, l’on ne peut que s’interroger : le magistrat révoqué en était-il à sa première indélicatesse ? Bien que comparaison ne soit pas raison, on peut également se demander si un agent public totalisant une telle expérience peut se montrer à ce point, et à un tel niveau de responsabilité, accessible aux faveurs, qu’en serait-il des débutants qui ne sont pas encore « assis » ? Mais, encore : pour un « malchanceux », qui s’est fait prendre, combien de « brebis galeuses » se dissimulent-elles habilement dans le champ précieux et délicat qu’est l’administration de la justice ? Et si donc le ver était dans le fruit, où irions-nous et d’où nous viendrait le salut ? Naturellement, c’est moins les attitudes ou le sort individuel du magistrat révoqué que la santé du corps d’élite qu’est la justice qui fait l’objet de notre préoccupation dans ces lignes. Car, il faut craindre que des comportements et logiques déviants n’en viennent à ternir l’image d’une institution, d’un corps qui, pour le chef de l’Etat, est « la plus haute instance de régulation sociale et la poutre maîtresse de la démocratie dans un Etat de droit ».

Recevant les vœux de nouvel an le 20 janvier 2010, le premier président de la Cour suprême avait révélé que la haute juridiction avait, courant 2009, « sanctionné de nombreuses violations de la loi observées en matière pénale ». On peut, à la lumière des événements récents, se demander si de telles violations relevaient uniquement d’une maîtrise technique approximative, ou s’il s’agissait d’actes délibérés, parce que intéressés. Dans un contexte de lutte acharnée contre la délinquance financière, l’intégrité, la loyauté, la délicatesse et le sens de l’honneur de ceux qui rendent la justice « au nom du peuple camerounais » doivent être de rigueur. L’enracinement de la bonne gouvernance est à ce prix.

C’est du reste le sens de l’interpellation du chef de l’Etat à l’endroit de ceux et celles qui ont choisi cette voie. S’exprimant, en effet, lors de la commémoration du cinquantenaire de l’Enam, en décembre 2009, le président Paul Biya avait eu ces mots pleins de signification : « Rendre la justice est une noble mission, mais aussi une lourde responsabilité (…) Et la République qui confie au magistrat le soin de veiller au respect des lois ne peut tolérer les défaillances ». C’est donc une question d’engagement, voire de sacrifice pour la patrie. A travers l’éthique et la déontologie.

 

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