La toute première Journée internationale des travailleurs, célébrée sous l’égide de Grégoire Owona, ministre du Travail et de la Sécurité sociale, aura été sobre et courue. Rien, jusqu’à la veille, ne laissait pourtant présager un tel intérêt. Morosité économique oblige. Jusqu’à hier matin, bien des travailleurs en étaient encore à négocier avec tailleurs et autres couturières pour récupérer leurs uniformes, alors même que l’on achevait de planter le décor au Boulevard du 20 mai à Yaoundé. A 10 heures, l’on a commencé sans eux. Par le discours de la présidente de l’Intersyndicale du Cameroun, Antoinette Ekoan. Isaac Bissala de l’Ugtc et Zambo Amougou de la Cstc vont lui succéder.
Trois discours seulement, contre la multitude enregistrée les années précédentes. Mauvaise répartition des revenus, refus d’appliquer les conventions collectives, d’augmenter les salaires ou de reverser les cotisations à la Cnps… Les syndicats ont étalé les préoccupations des masses laborieuses et énergiquement dénoncé les abus dont sont victimes les travailleurs. « Certains directeurs généraux sèment la terreur et la désolation. Ils ont déclaré tout pour eux et rien pour les autres », a martelé Isaac Bissala dans sa verve syndicale particulière, affirmant que de telles exactions ne sont pas de nature à resserrer les mailles du tissu social. En une heure, les syndicats ont tout dit.
Leurs différents propos ont permis au ministre de tutelle de relever que le monde du travail n’est pas au mieux de sa forme. Une situation qui ne laisse pas le gouvernement indifférent. « Le gouvernement est au travail et espère que les problèmes ne resteront plus sans suite… Allons-y au bon rythme. Tout ne peut pas être réglé au même moment, au même endroit et tout de suite », a déclaré le Mintss. Ainsi, Grégoire Owona a réaffirmé la volonté politique d’étendre la sécurité sociale à tous. De plus, le plafond de l’indemnité des retraites sera étudié à la hausse. Le gouvernement travaille également sur le projet de loi sur les syndicats. Ces seuls points ne pouvant entraîner un environnement prospère où l’on a du plaisir à travailler, pour un Cameroun que l’on veut émergent en 2035, Grégoire Owona a invité tout le monde à se poser la bonne question. Aux fins d’établir les responsabilités pour ce qui ne fonctionne pas bien et d’apporter, chacun, sa pierre à la construction d’un Cameroun solide et efficace.
A la suite de ce discours, le train de la grande marche des travailleurs s’est ébranlé. Pour étaler la force de travail du Cameroun. Et pour ce faire, syndicats, associations professionnelles, entreprises, petites et grandes, tous secteurs confondus vont se relayer sur le Boulevard, pendant plus de deux heures. Déjouant les pronostics des organisateurs qui avaient prévu la fin de la manifestation à 13h30mn.
