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Dossier de la Rédaction

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Un trépied stable

Quel lien reste-t-il entre le défilé des travailleurs qu’on a pu voir hier au boulevard du 20 mai à Yaoundé et la première manifestation du mouvement ouvrier le 5 septembre 1882 à New-York ? Sinon la perpétuation d’une tradition qui voudrait que, passé le temps de la confrontation, à l’image de la grève de Chicago qui se solda en 1886 par le décès de plusieurs personnes dont certains de ses meneurs condamnés à mort, la fête du travail soit devenue un moment de commémoration à coup sûr, de réflexion, peut-être, mais de réjouissances surtout : les travailleurs défilent, les patrons offrent la logistique et les agapes.

Car en trois siècles, les rapports entre patronat et syndicats régulés par les gouvernements ont gagné en civilité. Sans que le lieu de travail soit subitement devenu un paradis pour tous, sans que les poches de résistance d’un travail infâmant proche de l’esclavage aient disparu partout dans le monde, le milieu professionnel s’est nettement amélioré, grâce à une conjugaison de plusieurs facteurs.

Au Cameroun, combien parmi ceux qui ont défilé hier se souviennent des brutalités et vexations subies, en période coloniale sous le régime de l’indigénat, par leurs ascendants des années 30 et 40 ? Au seuil de l’indépendance, une législation volontariste a placé des garde-fous qui auront eu le mérite de protéger le travailleur contre différents types d’abus. Il a fallu compter avec la crise économique des années 80 et 90, laquelle a érodé les acquis en ayant justifié l’adoption, en 1992, d’un code de travail de circonstance voué à protéger autant l’emploi que l’employeur. Ce que les syndicats demandent, à présent que la crise économique est passée et que la croissance revient, est un retour à une législation plus avantageuse pour le travailleur. Ils demandent aussi que les patrons mettent en œuvre au sein de leurs entreprises respectives, les conventions collectives adoptées à la faveur d’un dialogue tripartite (pouvoirs publics – patronat – syndicat). Comme pour dire que le thème de la célébration de cette année, « tripartisme et cohésion sociale », est venu au Cameroun, prêcher à des convertis.

Ce que les travailleurs déplorent plutôt dans notre pays, ce sont ces traitements hérités de la crise qui font qu’il y ait un décalage entre le salaire et le coût réel de la vie. Le salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) fixé à 28 216 F est loin de pouvoir assurer le minimum vital à son détenteur. Et dire qu’il existe encore autour de nous des personnels domestiques ou vigiles payés en deçà du Smig. Que dans ce tripartisme vertueux, se trouvent des inspecteurs du travail qui perdent toute autorité et toute lucidité sous le faix des cadeaux de patrons ? Et ces syndicats dont le foisonnement est moins un gage de diversité et d’efficacité que la manifestation d’une volonté de positionnement de certains promoteurs ?

Pour contribuer à l’éclosion d’une société prospère bénéfique pour tous, le tripartisme devrait devenir un trépied solide et stable où chacune des parties joue son rôle. Une productivité soutenue et durable en entreprise s’obtient avec le travailleur et non sur son dos.

 

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