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Dossier de la Rédaction

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PME : le brouillard

Le Cameroun se construira-t-il sans les Camerounais ? On peut le craindre à la suite du constat désopilant dressé récemment par le ministre des Travaux publics. En effet, alors qu’on l’interrogeait sur les piètres performances des entrepreneurs nationaux par rapport aux travaux lourds dont la réalisation leur est confiée de temps à autre, Patrice Amba Salla ne s’est point embarrassé de circonlocutions. Au contraire, il a soutenu sans ambage dans ces colonnes (CT du 27 avril 2012) que l’ampleur et la complexité de certaines tâches en excluaient l’accès « à des PME non encore outillées ». Et le MINTP d’égrener un chapelet de griefs contre ceux-là qui se montrent plus motivés par les gains financiers que par les prestations attendues de leurs entreprises. Résultat : des contrats rarement exécutés dans les règles de l’art et dans les délais, du fait d’une inorganisation interne ; des pressions en tout genre. Au grand dam de l’intérêt général, de la fortune publique et, en définitive, du développement du pays.

Le constat, à l’évidence, traduit une réalité peu reluisante qui ne va pas sans susciter quelques interrogations agacées, indignées, voire révoltées. Comment comprendre, par exemple, que le Cameroun, reconnu, par ailleurs, pour la qualité de son potentiel humain, ne puisse pas disposer d’entreprises compétitives à même de rivaliser avec d’autres, au moins sur des chantiers n’exigeant pas un « know how » trop contraignant ? Il s’agit d’une préoccupation d’autant plus grave que la construction ou la réhabilitation des routes et autres ouvrages s’opère avec des fonds publics, c’est-à-dire l’argent du contribuable. Des ressources importantes qui devraient bénéficier prioritairement aux Camerounais.

Pour autant, les responsables en charge des importants projets à conduire ne sauraient, ne devraient pour rien sacrifier la fiabilité et la pérennité des infrastructures et équipements indispensables au progrès de tous à l’autel d’un nationalisme étriqué. Dans le seul but de préserver et d’entretenir des intérêts égoïstes adossés sur la médiocrité et l’incompétence. La rigueur et le strict respect des normes de qualité doivent d’autant plus s’imposer dans le choix des prestataires que les ressources de notre pays sont limitées. D’où l’impérieuse nécessité de les utiliser à bon escient. Rationnellement ? Avec méthode. Mais surtout sans état d’âme.

La part marginale qui revient aux nationaux dans le partage des retombées du juteux secteur routier est certes déplorable. Cependant, les Camerounais promoteurs d’entreprises du BTP, devraient avoir le courage et l’honnêteté de faire un examen sans complaisance de leurs propres errements depuis plusieurs années. Quelle gestion ont-ils fait de la confiance placée en eux et des fonds qui leur ont été souvent confiés aux fins de réalisation des travaux de construction du pays ? Comptent-ils sur une amnésie collective pour faire oublier les raids en règle qu’ils ont opérés en son temps sur les ressources de certaines structures, à l’instar notamment du FOGAPE (Fonds de garantie aux petites et moyennes entreprises) ? Avec, il est vrai, inévitablement, la complicité très intéressée de certains gestionnaires. Des décennies plus loin, l’on ne peut que déchanter devant un tableau affligeant de morosité. Et pour cause ! La problématique de la PME camerounaise est demeurée entière. Elle mérite d’être examinée à fond et dans sa globalité tant il s’agit d’un passage obligé, un préalable incontournable pour l’émergence d’un Cameroun gagnant voulu par le chef de l’Etat. L’une des clés de l’avenir étant la maîtrise technologique.

Là-dessus, les échecs antérieurs, avec leur lot de frustrations et de désillusions, doivent pouvoir servir d’aiguillon pour exorciser la léthargie actuelle, afin de créer les conditions les plus idoines de promotion de la PME camerounaise et, plus généralement, de valorisation optimale de l’expertise nationale. Et pas dans le seul secteur du BTP. Cela se passera à travers des politiques innovantes, audacieuses, cohérentes, volontaristes. Et c’est aujourd’hui qu’il faut s’y mettre. Avec méthode et conviction, si l’on veut éviter demain un réveil brutal en rase-mottes. La plus détestable des hypothèses étant que, dans l’irrésistible course à la modernité, l’on en vienne, faute d’avoir su se donner la lisibilité voulue, de construire le Cameroun sur des bases fragiles. Le salut réside dans un développement endogène, internalisé. Et dans cette optique, l’avenir de la PME camerounaise, plus que jamais, préoccupe et interpelle.

 

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