La vente des CD pornographiques, dont des « made in Cameroon », se porte bien de ce côté.
C’est en début de soirée, quand le jour décline que la clientèle se fait plus pressante. A la faveur de la luminosité qui baisse, les acheteurs exposent plus vaillamment leurs demandes. «L’heure de pointe », selon ce vendeur installé non loin d’une station-service, permet de constater que tous les profils se comptent parmi les acheteurs de CD pornographiques : jeunes, matures, femmes, etc. En « spécialistes », les vendeurs orientent le choix des clients, en fonction de leurs désirs. « Pour certains, c’est pédagogique. C’est pour apprendre, assouvir une curiosité. Mais il y en a qui sont vraiment graves ! », explique notre vendeur. Les CD ont des titres salaces au possible. De quoi réveiller de bas instincts. N’insistons pas sur ces affiches.
On retrouve aussi tous types d’acteurs mis en scène : noirs, asiatiques, nains, femmes enceintes, animaux, etc. Franck, appelons-le ainsi, se vante même d’avoir des réalisations camerounaises. Le client exprime son scepticisme. « Ok, tout ce qui est là n’est pas exclusivement camerounais. Mais les deux premières vidéos le sont. Les autres sont quand même africaines », finit-il par avouer. Au détour, notre client reçoit un regard inquisiteur d’une dame, à la recherche de vidéogrammes de bikutsi. Celle-ci repart, apparemment choquée, fusillant l’assistance du regard. « C’est quelle façon de tenir les CD là comme cela, il faut aller derrière le comptoir », crache-t-elle avant de partir. Franck, amusé ne s’en offusque pas. « Peut-être que vous l’avez perturbée. C’est sûr qu’elle voulait en acheter. C’est souvent ce que les clients commencent à demander, ou bien du Mapouka avant de glisser vers le porno », confie-t-il.
Les postures affichées sont tout aussi…originales ? Agressives ? Aguichantes ? N’insistons pas non plus sur les descriptions. La façon dont les affiches sont exposées a au moins le mérite de se passer de commentaires. « Ce n’est vraiment pas pour nuire. Mais quand on les cache, les gens ont parfois peur ou honte de demander. Alors que quand c’est exposé, ils prennent rapidement et s’en vont. Mais nous chassons les enfants et nous ne leur vendons rien », assure un autre vendeur, la main sur le cœur. « C’est d’ailleurs devenu notre principal business. Les autres DVD et CD ne sont plus que des compléments. Si vous supprimez ça aux vendeurs, beaucoup préfèreront à coup sûr arrêter », complète Franck.
Et la répression dans tout ça ? « Les policiers ou les gens de la mairie passent souvent. Dans ce cas, on cache notre marchandise. Mais ce sont déjà nos amis et beaucoup sont même des clients. On trouve toujours le moyen de négocier », explique un vendeur. La clientèle se fait pressante. Il faut passer à d’autres personnes. Finalement, le client repartira avec un CD de… musique religieuse. Question de purifier son âme après ce bain dans la dépravation.
