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Dossier de la Rédaction

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La si longue attente du peuple égyptien

Les habitants de la plus grande nation arabe pourraient vivre pour la première fois de leur vie une élection démocratique.

Le peuple égyptien attend les élections depuis la chute d’Hosni Moubarak il y a plus d’un an. C’est en effet le 11 février 2011 que l'ancien président a été contraint à la démission après 18 jours de pressions des manifestants massés à la place Tarhir notamment. Mais ils attendent des élections véritablement démocratiques depuis bien longtemps encore. La dernière présidentielle remonte certes à 2005, mais il ne s’agissait que « d'une fiction, les règles électorales faisant en sorte que seul le président Moubarak, ou un membre du parti au pouvoir, puisse être élu », peut-on lire dans le site Internet de l’hebdomadaire français Le point. Une pratique qui a succédé à une autre plus floue. Depuis la fin de la monarchie en 1952 en effet, le parlement choisissait le futur président, et le peuple l'approuvait par référendum, toujours selon notre source. Et même si les bureaux de vote étaient souvent déserts, le résultat n'en tenait pas compte. Conclusion : le choix du Parlement était plébiscité par les électeurs de 95 à 97 % des.

Ce mercredi et demain donc, les Égyptiens devraient pour la première fois de leur vie vivre pour une élection présidentielle démocratique. Une situation qui fait bousculer les habitudes notamment en matière de campagne électorale dans le monde arabe. Le 10 mai dernier, des millions de téléspectateurs ont suivi le débat télévisé entre les deux favoris, Amr Moussa et Abdel-Moneim Aboul-Foutouh, les autres candidats développant eux-aussi des stratagèmes pour s’attirer les faveurs de l’électorat. Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) a donné des garanties quant à la transparence du scrutin et rassuré le peuple du transfert immédiat du pouvoir aux civils en de victoire d’un candidat au terme du Premier tour. Auparavant, l’armée annonçait son retrait du pouvoir avant juillet. Elle a dû avancer la date en raison de nouvelles manifestations en faveur de son retrait de la scène politique, notamment celle du 2 mai dernier qui a fait 9 à 20 morts et une cinquantaine de blessés selon diverses sources. Mais une nouvelle actualité alimente la polémique depuis lundi dernier. Plusieurs partis politiques dénoncent l’intention du CSFA de proclamer unilatéralement un « complément constitutionnel » devant définir les prérogatives du futur président, faute d'accord avec les partis, rapporte le Courrier international. Un acte qui pourrait, selon les termes des politiques, « mettre le feu au pays ».


« Trouver le juste équilibre entre armée et pouvoir »

Dr Zacharie Serges Raoul Nyanid, PhD en sciences politiques, chercheur en Relations internationales.

Quels sont les principaux enjeux de cette présidentielle ?

A mon humble avis, l’enjeu fondamental de cette élection est de permettre au peuple d’Egypte souverain, d’élire l’homme qui saura mériter sa confiance, transformer ses rêves, vœux et ambitions en actes. Un homme qui, du fait de sa légitimité, pourra avoir les coudées franches pour faire bouger les lignes établies depuis la fin de la monarchie en 1952. Il pourra ainsi tourner l’Egypte vers l’essentiel, en élaborant des politiques viables et en menant des actions susceptibles d’améliorer le quotidien de la population et partant, ramener la sérénité dans l’espace politique. Cette refondation interne permettra de combler le vide stratégique déjà perceptible et qui pourrait s’accentuer du fait d’une Egypte qui vacille.

Peut-on croire que les militaires vont véritablement rendre le pouvoir aux civils après les élections ?

Dans les Etats modernes, le pouvoir appartient au peuple qui l’exerce à travers ses représentants. Il faut dire que même dans un contexte de gouvernance autocratique, on prétend toujours parler au nom du peuple et agir pour son mieux-être. Il se trouve que l’Egypte a, à un moment de son histoire, traversé des périodes exceptionnelles qui ont nécessité des mesures exceptionnelles, et ce, avec l’assentiment, quoique tacite du peuple. Après cette longue odyssée, et les époques étant révolues, le peuple d’Egypte dans ses actes quotidiens, exprime son ras-le-bol face à ce partenaire qu’il trouve de plus en plus trop présent et trop puissant. Dans ce contexte, le nouveau chef de l’Etat, investi de la légitimité légale rationnelle attribuée par ses concitoyens, devra mettre en usage une heureuse finesse pour trouver le juste équilibre entre ces deux entités. Compte tenu de la nouvelle configuration du jeu et de l’espace politique dans lequel l’armée ne pourrait pas résister au peuple, les militaires, prévoyants et rusés, pourraient faire acte d’allégeance, tout en manœuvrant avec les sources d’incertitudes qu’ils contrôlent dans le système, dans la négociation de leur nouvelle position. Ils pourront ainsi assouvir à l’ombre du chef, leurs appétits. Il convient de relever que toute République est constituée de ces deux sortes d’humeurs opposées ; celle qui naît de ce que le peuple veut un pays sécurisé mais pas d’une armée politiquement trempée et de ce que les hommes en armes, surtout lorsqu’ils se sont trop rapprochés des arcanes du pouvoir, ont de la peine à rentrer dans les casernes. C’est en trouvant le juste équilibre que le nouveau chef de l’Etat permettra aux bourgeons de la démocratie de germer et de produire des fruits qui vont défier le temps.

Aujourd’hui, les Egyptiens semblent avoir pris goût aux manifestations. Peut-on craindre des violences en cas de fraude après ces élections ?

Avec le réveil et l’éveil de la conscience politique du peuple égyptien, il est clair qu’en cas de fraude, il manifestera. Toutefois, les manifestations qui sont l’une des formes de l’expression citoyenne de la liberté, ne sont pas toutes violentes et ne suggèrent par forcément la violence. La violence, qu’il faut déplorer, naît du choc entre ceux qui expriment une frustration et ceux qui sont garants du maintien de l’ordre. Par ailleurs, le peuple d’Egypte a réussi à se convaincre et à convaincre les forces politiques qu’il peut tout avoir lorsqu’il fait foule, et la stature de martyr est de plus en plus voulue et saluée par la mémoire collective. Il est peut-être temps que les hommes politiques reprennent la main et encadrent l’action de cette population dans les limites de l’acceptable, afin de protéger la paix sociale.


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