Le ministre des Pme, de l’Economie sociale et de l’Artisanat.

M. le ministre, les travaux de construction des villages artisanaux ont commencé depuis plusieurs années déjà mais, aucun d’eux n’est encore opérationnel. Que se passe-t-il ?

Les travaux avancent bien pour l’ensemble des neuf villages artisanaux localisés dans les chefs-lieux de région. Pour ce qui est de Yaoundé, qui est un centre international pour l’artisanat, il y aura deux principaux blocs. Le bloc administratif et professionnel, qui est pratiquement terminé. Pour l’exercice 2012, on va construire un nouveau bloc qui abritera des boutiques et des ateliers. Quant à l’assainissement extérieur du bâtiment, il rentre dans le cadre d’un plan global d’aménagement que le délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé va assurer. Il en est de même pour tous les autres villages artisanaux à travers le pays dont les bâtiments sont pratiquement finis. Il faut dire que nous faisons face à certaines difficultés qui ralentissent un peu les travaux. D’abord le budget modeste du ministère qui nous oblige à étaler des projets sur plusieurs exercices. Ensuite, des difficultés techniques liées à la propriété foncière et à la faible capacité financière des contractants. Enfin, des aléas du terrain liés, par exemple, aux hommes. Toutefois, cinq de ces centres seront livrés, cette année. Il s’agit de ceux de Yaoundé, Ebolowa, Bamenda, Garoua et Douala.

Livrés et opérationnels ?

Moi, je vais les céder aux municipalités concernées parce que ces villages artisanaux sont le symbole d’une décentralisation concertée. Parce que le ministère construit, mais la gestion physique de ces structures se rapporte à des activités menées à l’échelle locale. Et en l’occurrence, ce sont les délégués du gouvernement qui vont s’en occuper, dans la mesure où ces villages sont localisés dans les chefs-lieux de région. Le ministère ne va assurer que la tutelle technique et intellectuelle, notamment le volet formation des artisans ou l’installation d’un portail numérique.

Le fait d’avoir lancé tous ces chantiers au même moment n’explique-t-il pas ce retard ?

Il le fallait. Si nous avions lancé ces structures dans les régions les unes après les autres, nous courions le risque de voir le projet s’arrêter en chemin, créant des frustrations, à cause du petit budget alloué chaque année à notre département ministériel. Engager tous ces travaux simultanément est une manière pour nous de forcer un peu la main au gouvernement.

A Yaoundé, par exemple, priorité sera-t-elle donnée aux artisans qui occupaient ce site avant ?

On les a relogés ailleurs en attendant que les travaux soient terminés. Mais s’ils ont des capacités pour revenir, les portes leur sont ouvertes. Ils auront des conditionnalités évidentes, parce qu’ils doivent participer à l’entretien de l’édifice. C’est pour ça que nous le remettons au délégué du gouvernement, pour une gestion des professions au niveau local.

Qu’attendez-vous exactement des villages artisanaux ?

Les villages artisanaux ne sont pas une invention du Cameroun. Il en existe dans d’autres pays comme le Burkina Faso. Nous avons juste voulu spécifier les nôtres en les créant au niveau régional pour les rapprocher davantage des artisans. Mais ces centres devraient aboutir à une meilleure valorisation de notre très riche artisanat, parce qu’aucun pays en Afrique n’a notre variété artisanale. La preuve en est d’ailleurs donnée lors du salon de l’artisanat, durant lequel les gens viennent de partout. Ces villages nous aideront également à normaliser nos produits artisanaux dans la conception et le design. Ils vont aussi nous permettre de surenchérir notre image à l’international. Ces centres seront aussi un lieu d’apprentissage, même pour ceux qui exercent déjà.