Thème au centre d’un dîner-débat organisé récemment à Douala par le mouvement patronal E.Cam, au lancement du E.Talk.
« Au moment où le secteur privé camerounais doit allier efficacité et compétitivité pour jouer son rôle de moteur de la croissance et de développement, E.Talk se veut un cadre d’imprégnation des patrons d’entreprises des questions fondamentales de la vie économique nationale et internationale, de la parfaite compréhension de leurs enjeux et contours. E.Talk entend être un cadre d’interpellation des pouvoirs publics sur des questions essentielles dans le cadre de l’élaboration des décisions économiques et politiques et de la négociation des accords commerciaux », déclare Protais Ayangma, président d’E.Cam, en présentant le concept.
Pour E.Cam, l’un des enjeux est la protection des intérêts économiques nationaux sans pour autant pénaliser la croissance, la compétitivité des entreprises nationales, les consommateurs et les investisseurs étrangers. D’où le thème : « Patriotisme économique : enjeux et contours d’une notion controversée », pour ce premier débat. Ainsi, le patriotisme économique peut se définir comme un état d’esprit consistant à promouvoir l’excellence économique d’un pays. Il désigne un comportement spécifique du consommateur, des entreprises et des pouvoirs publics visant à favoriser le bien produit dans la nation. Selon Protais Ayangma, cette notion interpelle les patrons de Pme car elle touche aux aspects tels que la protection et la compétitivité des entreprises, l’attraction des investissements directs étrangers, le maintien d’un tissu économique national, l’indépendance économique du pays, etc.
Pour le Pr. Bruno Bekolo Ebe, le patriotisme économique peut s’imposer comme « une nécessité stratégique ». Au cours de l’histoire, il a souvent été mis en œuvre par les pays en crise ou en situation de développement initial. Mais pour cela, il faudrait que l’Etat prenne conscience de son rôle d’impulsion et ait une politique économique lisible et pertinente. Côté opérateurs économiques nationaux, on déplore le déficit de patriotisme économique affiché par les pouvoirs publics et agents économiques. Pour Célestin Tawamba, Pdg du groupe Cadyst-Invest, il est urgent que se développe une véritable conscience économique, sans laquelle il sera difficile d’être émergent à l’horizon 2035. Pour lui, cela passe notamment par la mise en place d’un cadre permettant aux opérateurs nationaux de développer leurs affaires, la préservation des entreprises nationales face à la mondialisation, etc. Célestin Tawamba dénonce entre autres, les manifestations de ce manque de patriotisme économique : corruption des agents publics qui bradent le patrimoine national aux étrangers, mépris envers les investisseurs locaux, invasion des produits étrangers…
Mais pour Dieudonné Bondoma Yokono, directeur général de l’économie et de la programmation des investissements publics au Minepat, le patriotisme économique est une réalité au Cameroun. Et d’illustrer à travers la mise en lumière de dispositions du Code des marchés publics favorables aux entreprises nationales (clause de préférence nationale), l’appui au développement de l’Etat dans certaines filières (bois, coton/confection, tourisme…), la suspension de l’importation des poulets congelés et les appuis à la filière avicole, les programmes de mise à niveau des entreprises pour renforcer la compétitivité des entreprises nationales, etc.
