A la Place du gouvernement, des canalisations bouchées perturbent le quotidien des activités.
Véro M. veut juste acheter des kleenex. Elle n’en peut plus de cette chaleur étouffante et de cette sueur qui lui coule à grosses gouttes sur le corps. Une chance, elle n’a qu’à traverser la route pour s’en procurer. Sauf que la jeune femme se retrouve confrontée à un problème de taille au moment d’atteindre le petit kiosque. En face de la Cour d’Appel, d’où elle a émergé quelques instants auparavant, il y a une étendue d’eau verte qui bloque l’accès direct aux vendeurs. Echappée des canalisations bouchées, cette eau est désormais permanente, qu’il pleuve ou pas, contrairement à la situation d’il y a quelques mois où le débordement était lié aux pluies. Et la difficulté de Véro M. est la même pour bon nombre d’usagers. Il est devenu impossible d’accéder à la Place du gouvernement de ce côté-là.
L’inondation de l’endroit provoque le courroux des gérants de petits commerces et des laveurs de voitures qui voient leur activité ralentie. C’est ainsi que l’air revêche, autant que son sobriquet emprunté à un protagoniste de la dernière crise ivoirienne, un laveur déclare : « Cette eau est là depuis longtemps et perturbe notre travail. Les conducteurs ont du mal à se garer et nous perdons des clients. En plus, nous ne sommes pas les seules victimes de cette insalubrité. On vend de la nourriture ici et les gens la consomment ». Pourtant, les laveurs continuent leur œuvre, n’hésitant pas à se retrouver les pieds dans ce liquide suspect pendant le toilettage des véhicules. On surprendra d’ailleurs l’un d’eux, en train de tremper furtivement son seau dans l’improbable flot. Pourtant, les laveurs assurent tous se ravitailler à la fontaine située au milieu de la Place du gouvernement.
Du côté des commerçants, on a plutôt la dent dure contre la Communauté urbaine de Douala, et on préfère garder l’anonymat pour s’exprimer : « Depuis que je suis là, ça fait au moins deux fois qu’ils ont essayé d’évacuer cette eau, mais rien ne change. Ce serait bien qu’ils apprennent à utiliser l’argent public à bon escient », déclare l’un deux. En attendant, les vendeurs ont trouvé des solutions à leur niveau en installant des dallettes dans l’eau pour la traversée des usagers. Des passerelles qui se retrouvent parfois noyées quand l’eau monte d’un cran.
