350 mètres. Le chiffre résume la distance parcourue par le chantier du port en eau profonde de Kribi depuis la cérémonie de pose de la première pierre, le 8 octobre 2011. Elément essentiel d’un gigantesque chantier s’étalant sur une superficie totale de 26000 hectares, la digue de protection est partiellement visible dès qu’on débarque à Mboro, le site choisi pour abriter le port à une trentaine de kilomètres au Sud de Kribi. Tel un monstre marin surgi des profondeurs abyssales, l’impressionnant ouvrage destiné à stabiliser le plan d’eau intérieur et à protéger le chenal d’accès au futur port sort progressivement la tête de l’eau. Dans l’immensité océane qui s’étend à perte de vue, cette espèce de muraille de pierres et de béton s’élance résolument à l’assaut des vagues en furie. Visiblement, le chantier a fait un grand bond en avant en quelques mois seulement.
En débarquant le 25 mai dernier sur le site, les membres du Comité de pilotage et de suivi (Copil) brûlaient d’impatience de connaître l’état d’avancement des travaux. Au quartier général de l’entreprise en charge de la construction, ouvriers et contremaîtres chinois ou camerounais vont et viennent dans la combinaison immaculée qui contraste avec l’aspect marécageux de la zone progressivement viabilisée. Ce qui était naguère un bout de forêt bordant la côte atlantique dans un environnement insalubre est maintenant un espace aménagé, confortable, parsemé de nombreux bâtiments en matériaux préfabriqués. La séance de travail à la base-vie de l’entreprise China Harbour Engineering Company aura permis aux membres du Copil de se faire une meilleure idée du rythme de progression du chantier et des éventuelles contraintes rencontrées sur le terrain. Autour du ministre Louis Paul Motaze, président du Comité de pilotage et de suivi, par ailleurs, secrétaire général des services du Premier ministre, ont pris place, entre autres, Robert Nkili, ministre des Transports, Yaouba Abdoulaye, ministre délégué auprès du Minepat, deux départements ministériels qui assurent la vice-présidence dudit comité, Patrice Melom, le coordonnateur du projet, les représentants de la partie chinoise, les membres du Comité de pilotage, les élus locaux, les autorités administratives dont le préfet de l’Océan. A l’issue de la concertation, le président du Comité de pilotage a invité les autres membres du gouvernement en visite dans la localité (Mindcaf et Minhdu) à se joindre au groupe pour effectuer la visite du chantier.
Sécurité
Naturellement, la digue de protection a été le principal point d’attraction. Suivant les explications données par l’ingénieur en service, c’est de ce côté que l’évolution des travaux est plus perceptible. Sur une longueur totale de 1350 mètres, plus du quart a déjà été gagné sur la mer. « La digue est importante car elle permet d’avoir un plan d’eau stable et des conditions opérationnelles adéquates pour les manœuvres des bateaux, en encaissant notamment une grande partie de la force des vagues », explique le technicien. Le résultat est déjà visible. Alors que sur un côté de la digue la houle est plutôt forte, de l’autre, la mer est apaisée. Cette évolution est rendue possible grâce aux milliers de tonnes de matériaux rocheux en provenance d’une carrière voisine. Si l’on en croit les spécialistes, les travaux en cours sont en conformité avec le Plan directeur portuaire national qui prévoit à terme une spécialisation et une complémentarité entre les différentes installations portuaires du pays. Compte tenu du respect du chronogramme, le Copil reste convaincu que la livraison des travaux se fera d’ici fin 2014.
Sur le plan sécuritaire, le déploiement des forces de sécurité, notamment le BIR, est visible aussi bien sur le domaine terrestre que sur le plan d’eau. Pour faciliter leur mobilité, un lot de trois véhicules tout-terrain leur a été remis solennellement. De quoi apporter plus de sérénité dans la poursuite des travaux.
