L’un dans l’autre, les chiffres qui se succédaient dans le compte-rendu effectué par Christian Zamo, expert commis par la BM, ont fini par rapprocher les parties sur au moins un point : les subventions gonflent au fil des ans et n’atteignent pas forcément leur but que sont les consommateurs les plus modestes. Quelques chiffres résument la situation : 74% des subventions au super sont captés par les ménages les plus nantis. Et l’enveloppe croît : 323 milliards de F en 2011 pour maintenir stables les prix du carburant, 400 milliards projetés en 2012. « Nous enrichissons cinq fois les plus riches », lance M. Tchoffo.
Il y a certes quelques motifs de satisfaction : le pétrole lampant est effectivement consommé par les moins nantis. Le maïs détaxé est aussi prisé par les couches populaires. Peu importe, la moitié du budget d’investissement public équivaut à l’enveloppe des subventions, tempèrent les représentants du gouvernement…Dès lors, prévient le président du Cts, le Cameroun risque de se trouver un jour acculé à ne plus investir ou même à payer difficilement ses fonctionnaires. Les subventions ayant tout consommé. Quelques syndicats de travailleurs des transports sont du même bord, mais pas pour les mêmes raisons : il faut que la subvention améliore leurs revenus. Quitte à éliminer du bénéfice ceux des consommateurs plus riches.
Pour autant, certaines voix font remarquer que l’étude ne prend pas en compte les diverses implications d’une consommation sous perfusion. Qu’adviendrait-il si les prix sont alignés sur les cours du marché et que les consommateurs, quels qu’ils soient, baissent leur consommation ? Le spectre de la chute de la croissance et des licenciements dans les entreprises se dessine selon tel intervenant. Et d’ailleurs, quelle est la part des revenus pétroliers du Cameroun et comment les mettre en rapport avec les subventions ?
Contre les interventions en dehors du champ du sujet, Jean Tchoffo rappelle la publicité qui est faite des revenus du pétrole. Mais on ne peut décider d’affecter les revenus pétroliers aux seules subventions au carburant, avertit-il. Autant affecter chacun des 20 millions de barils produits annuellement à chaque Camerounais. La discussion qui s’anime va s’éclairer des expériences heureuses et malheureuses d’autres pays. Pour que la décision à venir soit la plus consensuelle.