Plusieurs commerces enregistrent des pertes et doivent supporter de nouvelles charges.
« Entre 11 h et 12 h, vous avez une coupure. Entre 16 h et 18 h, il y en a une autre. De 22 h30 à 2h du matin, il n’y a pas d’électricité. Quand ce n’est pas toute une journée que vous restez sans courant. Et on ne compte pas les baisses de tension. En plus de la production qui décroît, des équipements qui sont mis en danger et qui peuvent subir des dommages, comment voulez-vous communiquer avec un client qui est en Europe ou ailleurs dans le monde ? C’est autant de contrats que vous perdez ». C’est un chef d’entreprise visiblement désabusé qui exprime ses griefs. Mais, malgré son chapelet de complaintes, il préfère garder l’anonymat, craignant, dit-il, des représailles.
L’exigence de ne pas être cité est partagée par plusieurs acteurs économiques rencontrés à Douala. Comme cette responsable chargée de l’administration et des finances dans une grande enseigne de boulangerie-pâtisserie de la capitale économique camerounaise. Dans son cas, il n’est pas seulement question de pertes, mais également de charges supplémentaires : « Nous fonctionnons ici avec un groupe électrogène, et il arrive qu’on fasse toute une nuit et la journée suivante sans électricité. Récemment, c’est allé jusqu’à trois jours. Mais on n’a pas le choix. Il faut faire tourner les fours, les pétrisseuses, les congélateurs. Une fois, nous avons perdu dix chariots de pain. Et malheureusement, les pertes surviennent de plus en plus, ces derniers temps. »
Nombreux sont les opérateurs qui ne prennent pas encore le temps de les quantifier réellement ces déficits, à l’exemple de ce gérant de poissonnerie du côté de Bonamoussadi, qui assure pouvoir compter sur de puissantes chambres froides pour réduire les avaries, bien qu’elles existent.
Ce n’est pas le cas du patron d’une scierie de la ville qui donne des chiffres effarants : « On tourne ici à 80 planches coupées par heure en mode normal, à raison de 5 000 F la planche. Faites vous-même le calcul ». Le calcul, même le milieu académique n’y échappe pas. Des étudiants en rattrapage ont eu l’occasion de le constater récemment (voir tableau).
Tableau estimatif
Acteurs économiques |
Pertes en moyenne |
Charges supplémentaires en moyenne (carburant) |
Boulangerie |
500 000 F (variable)/jour |
100 000 F/jour |
Scierie |
400 000 F/heure |
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Université de Douala |
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75 litres/heure |
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Source : notre enquête.