Bannière

Newsletter


Publicité

Bannière
PUBLICITE

Dossier de la Rédaction

PUBLICITE
Bannière

Nivellement par le bas

Les résultats du récent concours d’entrée en classe de sixième mettent en lumière, une fois de plus, un paradoxe alarmant mais pourtant banalisé : la moyenne des notes, à savoir 10 sur 20, ne signifie plus grand-chose. Elle a cessé d’être, depuis des années, le critère académique majeur dans les protocoles d’évaluation, pour ne parler que du concours d’entrée en sixième et de la certification de fin d’études de l’école primaire. Les résultats affichés par un lycée de la capitale attestent cette réalité qui n’est d’ailleurs exclusive ni à cet établissement scolaire public, ni à ce niveau d’enseignement. Sur 312 élèves admis en classe de sixième, seuls 150 ont effectivement obtenu la moyenne de 10 sur 20 qui devrait être requise pour tout succès au concours. Plus de la moitié des élèves admis se situent donc en dessous de la moyenne. Ceux-ci, par conséquent, dans un contexte où la norme de la moyenne scolaire revêt sa signification, n’auraient évidemment pas pu accéder à la classe postulée. Les responsables académiques concernés ont justifié ce nivellement par le bas par la nécessité d’atteindre quantitativement le quota fixé des effectifs. Manifestement au mépris de la qualité. Comme avec la tolérance administrative, la tolérance académique a comblé artificiellement les lacunes des élèves en dessous de la moyenne.

La satisfaction des lauréats et de leurs parents, voire celle des enseignants sans doute heureux et non sans raison d’avoir accompli leur devoir, n’occulte pas pour autant les questions de fond que suscite cette situation. Sans prétention à l’exhaustivité, les questions affluent relatives à la qualité du niveau académique des élèves dont la continuelle tendance baissière est dénoncée avec pertinence, y compris par nombre d’enseignants eux-mêmes, comme celles portant sur la valeur de la certification des études, voire de la formation de l’Homme. Dans un contexte où la moyenne ne sert plus à grand-chose, la certification n’est plus la preuve que son détenteur a passé avec succès le cursus d’études et maîtrise un certain nombre de connaissances lui permettant d’assumer son rôle dans la société. Le problème global ainsi posé ne se ramène pas bien évidemment à l’acquisition d’un parchemin de fin d’études primaires et de succès au concours d’entrée en sixième. L’enseignement, à l’école primaire, vise déjà à poser les jalons de la formation de l’Homme qui doit apprendre à s’insérer dans la vie compte tenu de son environnement. Comment apprendre à s’insérer dans la vie si l’élève accède en sixième par la voie de la facilité et du rabais, sans savoir ni écrire ni calculer correctement, sans savoir s’exprimer avec fluidité ni dans sa langue maternelle, ni dans au moins une des langues officielles ? Ce n’est pas une mince affaire car les enjeux vont bien au-delà de l’apprentissage structuré de la lecture et de l’écriture, de la maîtrise de l’orthographe, de la grammaire, du calcul, etc. Mais il faut bien passer par là, comme le souligne pertinemment un proverbe pédagogique de la Rome antique : on parvient à de grandes choses à travers de petites choses (ad augusta per angusta).

L’obligation de l’école primaire pour tous les jeunes Camerounais, facilitée par la mesure de gratuité de l’école primaire publique décidée par l’Etat, n’est certainement pas exclusive de la qualité de l’enseignement et de la formation. Si la décision d’éviter les redoublements voire les échecs et les exclusions au primaire en vient à faire le lit de la médiocrité et du nivellement inacceptable de l’enseignement par le bas, alors s’impose une réflexion profonde sur sa qualité en vue d’une formation solide dès la base.

Commentaires (0)
Seul les utilisateurs enregistrés peuvent écrire un commentaire!

!joomlacomment 4.0 Copyright (C) 2009 Compojoom.com . All rights reserved."



haut de page  
PUBLICITE
Bannière