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Dossier de la Rédaction

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L’enfer du bruit

Dans un arrondissement de Yaoundé, une autorité administrative a procédé récemment à la fermeture de plusieurs bars et cabarets coupables d’indisposer le voisinage avec un tapage nocturne sans retenue.

Si cette décision provisoire a été saluée par certains, d’autres en revanche ont crié au règlement de compte ou au chantage. Il n’en fallait pas plus pour déclencher la controverse. La mesure est pourtant venue remettre sur la brèche un phénomène dont les manifestations sont tellement fréquentes dans nos cités qu’elles confinent à la banalité. Autour de nous, le répertoire des nuisances sonores est sans limite. Quel Camerounais ne s’est pas vu imposer, contre son gré, le bruit, à domicile ou en dehors ? Un soir, en regagnant votre domicile avec l’envie de jouir d’un repos bien mérité, vous avez la désagréable surprise de constater que la maison désaffectée d’à côté a trouvé de nouveaux « locataires » qui chantent déjà à tue-tête, accompagnés de guitares et de tam-tams, sous la houlette d’un « pasteur » qui vocifère dans un micro amplifié à outrance. Le jour d’après, c’est une veillée mortuaire qui a choisi pour cadre la cour intérieure d’un établissement scolaire. Toute la nuit jusqu’aux premières heures de la matinée, des hauts parleurs débitent des décibels de musique religieuse à faire hurler un sourd. Le bruit est relayé quelques dizaines de mètres plus loin par de nombreux bistrots qui débitent des insanités en se livrant à une concurrence…sonore.

La musique amplifiée est devenue ainsi un élément essentiel du décor, ainsi qu’un outil de séduction de certains disciples de Bacchus. Passons un bémol sur le cas du voisin qui trouve dans la célébration d’un mariage ou le baptême d’un enfant un prétexte pour indisposer tout le monde. La situation est pire dans les artères principales de nos cités, transformées en gigantesques carnavals sonores à ciel ouvert. Impossible de passer ou de recevoir un coup de fil avec en arrière-fond le tintamarre provoqué par les campagnes promotionnelles à la devanture des grands magasins, le concert des klaxons, la ronde des camionnettes publicitaires, les cris des vendeurs ambulants, etc.

Si nous convenons du fait que l’émission de bruits est inhérente à l'activité humaine, il n’en demeure pas moins vrai que certains bruits provoqués à tort et à travers, dans des circonstances inappropriées, peuvent constituer de véritables dangers pour la santé comme pour la vie en société. On parle alors de nuisances sonores dès lors que le bruit va au-delà de la norme, déborde la « dimension humaine » pour se répandre dans des sphères interdites. Le paradoxe chez nous c’est qu’à force de tolérer certaines pratiques dans le laxisme ambiant, l’opinion a fini par remplacer la règle par l’exception. Suivant un accord tacite dont on ignore l’origine, il semble interdit d’interdire le tapage nocturne à tout vent. Pour toute personne accusée de nuisance sonore, la réponse est vite trouvée : « je ne suis pas chez vous.» Comme si l’espace public ou le voisinage était un no man’s land pour toutes les dérives.

Reconnaissons toutefois que le bruit est un phénomène normal, dans la limite de l’acceptable. Mais le respect mutuel étant la première règle de la vie en communauté, on ne saurait tolérer indéfiniment certains dérapages sous prétexte de la liberté d’agir du citoyen lamda. Dans certains pays qui nous servent de modèles, la loi civile, voire pénale, permet de faire mettre un terme ou de réduire des sonorités gênantes, en dehors évidemment de certains bruits incontournables de la vie quotidienne. A l’heure où la lutte contre l’insalubrité et le désordre urbain est à l’ordre du jour, il est urgent d’envisager une réglementation plus contraignante en matière de nuisances sonores. Compte tenu de la gravité de la situation, il s’agit véritablement d’une mission de salut public qui interpelle à la fois l’exécutif, le législatif et le judiciaire.

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