C’est sous la forme d’insistance qu’il apparaît nécessaire d’évoquer à nouveau l’accident mortel de la circulation survenu mardi dernier sur l’axe Yaoundé-Soa. Accident ayant entraîné la mort de deux personnes dont le conducteur et une dizaine de blessés graves. Les premières causes relevées sont humaines, selon des témoignages concordants recueillis sur les lieux de l’accident par les reporters de Cameroon Tribune : excès de vitesse, dépassement dangereux. Comble d’insouciance, le conducteur du mini-bus de 18 places qui a perdu la vie en cette triste circonstance, n’était pas détenteur d’un permis de conduire. Selon la même source, il était, d’après le vocabulaire usuel du milieu des transports urbains, un « attaquant », remplaçant momentanément un conducteur titulaire. Les infractions ainsi constatées ont été révélées après coup.

Voici donc un accident de la circulation qui met une fois de plus à nu quelques-unes des tares depuis longtemps décriées. Comment expliquer, en effet, qu’un « chauffard » sans permis de conduire circule sans vergogne, au mépris du code de la route, des limitations de vitesse et des lignes continues, ainsi qu’à la barbe des postes de contrôle routier ? Comment expliquer que cet infortuné ait pu prendre le volant d’un véhicule de transport de personnes avec l’approbation du conducteur titulaire et éventuellement celle du propriétaire dudit véhicule ? A défaut d’une chaîne de complicités plus ou moins lâches entretenues par des intérêts financiers ou autres, il s’agit ici, sans doute, du constat d’un laxisme coupable qui contribue à l’insécurité sur nos routes.

Le 31 décembre 2006, le président de la République, dans son message de nouvel an, dénonçait cette situation. « L’insécurité est présente sur nos routes. Imputable à l’imprudence, à l’insouciance de certains conducteurs, au mauvais état des véhicules, elle fait chaque année plusieurs victimes. Nous ne pouvons pas continuer comme cela. » La croissance exponentielle des accidents de la route au cours des années suivantes laisse dubitatif sur la bonne compréhension et les leçons à tirer de ce discours présidentiel. Pourtant, depuis lors, de multiples mesures administratives ont été prises par les autorités compétentes. Elles portent notamment sur la sécurisation des différents documents de transport, l’assainissement du parc- automobile par l’extension des centres de contrôle technique des véhicules, les campagnes de sensibilisation et de prévention sur la sécurité routière, la répression annoncée plus sévère aux infractions au code de la route.

Le pouvoir judiciaire n’est pas resté indifférent. Dans la perspective de la répression des infractions au code de la route, la traditionnelle réunion des chefs de cour a fait des accidents de la route un de ses thèmes majeurs de réflexion, il y a quelques années. Il n’est pas non plus inutile de rappeler qu’en stigmatisant les comportements irresponsables et répréhensibles sur les routes au cours d’un conseil de cabinet, le Premier ministre, chef du gouvernement a prescrit au ministre alors en charge de la Justice, la diligence des tribunaux, l’application de la loi à l’encontre des auteurs des accidents mortels. L’actualisation des mesures administratives ainsi que des campagnes de prévention et de sensibilisation laissaient, ces derniers temps, poindre l’espoir d’une baisse dans la fréquence et la gravité des accidents de la route. La réalité est tout à fait contraire, les responsables des différents contrôles administratifs et techniques doivent dès lors veiller scrupuleusement sur leur devoir et dire non au laxisme.