Très attendue par les joueurs comme par les supporters, la rencontre exhalait un air de revanche avant l’heure. Après le match nul assassin du 9 octobre 2010 à Garoua qui leur coûta la qualification pour la CAN, les Lions se devaient de laver l’affront de la façon la plus exemplaire possible. Sauf qu’en face, les Léopards n’étaient pas venus en victimes expiatoires. Bien plus, l’équipe congolaise bâtie essentiellement sur une ossature constituée des joueurs locaux a tenu la dragée haute aux nôtres, avec un secret espoir de remporter la mise, sans se donner pourtant les moyens de leurs ambitions. Malgré un fond de jeu assez bien léché et une possession de balle légèrement supérieure, il leur aura manqué cette hargne de vaincre, animés qu’ils étaient par le souci de limiter les dégâts en consolidant, par ailleurs, une sorte de forteresse imprenable d’où ils s’échappaient de temps en temps pour porter des contre-attaques redoutables. Heureusement, le manque de réalisme ou la maladresse des uns, l’intelligence et la baraka des autres ont été exploités pour capitaliser sa réussite.
Après une première mi-temps où ils semblaient timorés, évitant visiblement toute prise de risque, peut-être pour mieux jauger l’adversaire, l’équipe camerounaise est sortie des vestiaires avec la ferme détermination de porter le danger devant les buts adverses, grâce à une meilleure maîtrise du ballon, un jeu plus collectif et l’engagement personnel de quelques « porteurs d’eau » dont l’abnégation et l’altruisme ne sont pas passés inaperçus. Un match de football se joue parfois sur des détails anodins qui renforcent la « glorieuse incertitude du sport. » La victoire à l’issue d’une rencontre doit beaucoup à l’effort, au talent individuel et collectif, à la maîtrise technique et tactique, mais aussi à ce facteur décisif que l’on appelle communément la chance. Cette fois, la baraka était du côté des nôtres. Les dieux de Mfandena étaient avec nous.
Les Lions ont donc gagné, avec leurs atouts propres, mais aussi leurs limites. Gagner trois points dans un tournoi où la qualification revient au premier de chaque poule ce n’est pas rien. Mais au-delà de la victoire, il y a la manière qui a laissé plus d’un observateur sur sa faim. Les passes à l’adversaire qui trahissent un manque de cohésion dans le jeu, le manque d’agressivité sur le porteur du ballon, la mauvaise gestion des espaces, la manque de liant entre le milieu de terrain, l’attaque et une défense relativement fébrile, le manque d’efficacité devant les buts sont quelques pans d’un vaste chantier que Denis Lavagne devrait conduire au plus vite. Il ne peut le faire efficacement qu’en multipliant les regroupements et autres matches amicaux pour mieux régler les automatismes qui font cruellement défaut. Quant à la relève qui se met progressivement en place, elle mérite d’être mieux intégrée et encadrée. Beaucoup de travail en perspective pour le staff technique.