Attendu surtout sur le terrain des grandes « révélations » d’ordre politique, l’orateur du jour a agréablement surpris une bonne partie de l’auditoire en allant au-delà d’un chapelet de bonnes intentions pour fixer le cap à atteindre et les transformations à imprimer au pays dans les prochaines années. Lors des grands rassemblements du genre, on est souvent habitué à une avalanche de discours sirupeux, ou à un récital de vœux pieux sur les grands enjeux politique de l’heure au plan national et international. Rien, ou si peu en revanche sur les préoccupations touchant le vécu quotidien des citoyens. Sans éluder d’autres aspects essentiels de la vie nationale et internationale, le président national du RDPC a inversé cette tendance en se focalisant davantage sur les grands projets économiques qui devraient mobiliser l’essentiel des énergies et des ressources dans un futur proche. A la place d’un discours purement politique attendu par certains, on a donc eu droit à un discours-programme, polysémique à souhait, et dont la portée dépasse de loin de cadre d’une seule chapelle politique.
Sur le plan économique, certains secteurs comme l’énergie, les transports et l’agriculture auront particulièrement retenu l’attention. Sur le plan énergétique, les grands projets structurants annoncés depuis belle lurette vont prendre corps. Ainsi, à côté de la centrale thermique de Yassa déjà achevée, viendront s’ajouter la centrale à gaz de Kribi en cours de réalisation, le yard pétrolier de Limbé, les barrages hydroélectriques de Lom Pangar, Memve’ele, Mekin, Nachtigal et Song Ndockayo. Du côté des transports, l’aménagement des structures routières, portuaires et ferroviaires vont accompagner les grands projets porteurs de croissance. C’est bien connu : l’existence d’une voie de circulation ouvre des grandes perspectives au développement global. Sur le plan agricole enfin, l’ambition clairement affichée devrait se traduire dans les faits : mettre un terme à la trop grande dépendance envers les denrées alimentaires importées. C’est là un objectif majeur assigné à la Nouvelle politique agricole dont le lancement a été annoncé lors du récent Comice agropastoral d’Ebolowa et qui devrait faire à la fois du Cameroun un pays autosuffisant et un exportateur net de produits agricoles. Cette vision volontariste d’un pays sur la voie du décollage devrait se traduire par la création des emplois, notamment pour les jeunes, et des richesses pour le plus grand nombre. Il ne reste plus qu’à donner vie à tous ces grands projets structurants destinés à faire du Cameroun un pays émergent dans moins d’un quart de siècle. Et pour ne pas laisser subodorer des vagues promesses politiques sans lendemain, Paul Biya se veut concret en fixant une échéance au démarrage. Dès l’année prochaine, c’est-à-dire dans quelques mois, on passera de la rhétorique aux réalisations concrètes. Traduction : le programme des Grandes ambitions, que certains avaient vite fait d’enterrer, n’est pas une simple vue de l’esprit.
