« On en a marre. Nous n’avons pas six millions de F de caution. Soit vous nous tuez, soit vous nous laissez tranquille. Vous arrachez nos marchandises tout le temps. Trop c’est trop ! », lance un jeune homme. A la vue du camion anti-émeute de la police, manifestants et piétons prennent la fuite. Une commerçante, la quarantaine, affectueusement appelée ici « Mami Eru » va perdre sa vaisselle. Lydienne Etabi, elle, se fera surprendre par un jeune homme. « Il m’a assené un coup de poing à la poitrine, a pris ma chaîne en or et a fondu dans la masse », assure la dame. Plus loin, une autre cherche sa fillette de 9 ans. C’est l’état d’alerte chez les piétons. Téléphones à l’oreille, on déconseille la destination Mokolo aux proches. « C’est chaud à Mokolo. Il ne faut pas aller là-bas. Il y a le feu ». Ce message d’un usager à un proche est clair. Et ce sera ainsi toute la journée.
Des pierres sont lancées par les commerçants. Dans la foulée, une passante en recevra une sur la nuque. « Elle en est décédée dès suite d’un traumatisme crânien. Deux de nos agents ont été grièvement blessés. Nous ne sommes pas au courant du deuxième décès auquel certains font allusion », confie à CT le préfet du Mfoundi, Jean-Claude Tsila, descendu sur les lieux.
L’opération d’assainissement de la voix urbaine entamé il y a trois semaines par le commissariat du deuxième arrondissement n’était pas bien perçue. « Le Premier ministre a signé une circulaire interdisant l’occupation anarchique de la chaussée dans les marchés par les commerçants et les vendeurs à la sauvette. Après la phase de sensibilisation, c’est une opération coup de poing aujourd’hui. On avait pour mission de les dégager », confie un gendarme. L’opération a commencé à 6h. Autour de 9h, « ils ont érigé des barrières pour empêcher la circulation. Ils ont brûlé des poteaux et des pneus sur la chaussée. Nous étions dans l’obligation de réagir », affirme un gendarme. La gendarmerie, la police et la brigade du Quartier général se sont alliés pour faire face aux manifestants.