Face aux conséquences trop souvent tragiques des dérives observées dans l’activité des motos-taxis, on aurait beau jeu d’arguer qu’il s’agit d’un mal nécessaire. La solution de l’équation ardue de la réponse à la forte demande en matière de transport urbain ne saurait passer par un remède qui s’avère en définitive pire que le mal. Les nombreuses victimes quotidiennes de l’exercice anarchique du transport par motos-taxis pèsent trop lourd sur la balance par rapport à ceux des usagers qui se contentent de la maigre satisfaction de pouvoir rallier telle destination dans un point de la ville inatteignable en voiture.
S’il n’est pas envisageable d’interdire l’activité des motos-taxis, il est inadmissible que celle-ci se poursuive dans les conditions effroyables qu’on observe actuellement dans nos villes. Les conditions d’exercice de l’activité de transport urbain par motocycles ont été clairement définies par le gouvernement depuis 2008. Quatre ans plus tard, il est pour le moins surprenant qu’il y ait tant de résistances à l’observation des règles et mesures arrêtées afin que toutes les parties prenantes y trouvent leur compte. Une certaine tolérance administrative a jusqu’ici laissé la porte ouverte à toutes sortes de dérives. Le respect du code de la route semble n’être plus exigé qu’aux automobilistes. Les motos-taxis s’autorisent toutes les outrances, souvent sous le regard apparemment blasé des policiers et gendarmes préposés à la régulation de la circulation. Le spectacle fréquent de trois à sept personnes juchées sur une moto-taxi slalomant à toute vitesse entre des automobiles et des camions ne devrait pas prêter à sourire. L’histoire s’achève souvent dans les morgues et les pavillons « bend-skin » de nos hôpitaux.
L’activité de transport par motos-taxis va se poursuivre quoi qu’on dise. Mais elle doit cesser d’être le principal facteur du désordre urbain et de l’insécurité. Si tant est que les vrais acteurs du transport par motocycles ont pour principal souci d’exercer sainement une activité génératrice de revenus, leurs regroupements en associations doivent éviter de s’apparenter à des corporations interlopes où se cachent maints fauteurs de trouble, d’insécurité et de criminalité. Les motos-taximen doivent se conformer à la réglementation et s’astreindre au respect du code de la route à l’instar des autres usagers. La mise au pas qui s’impose interpelle tout le monde. Parce que le désordre ne profite à personne. Parce que force doit rester à la loi qui seule peut garantir le bien de tous et de chacun.