En ouvrant lundi dernier les 4e journées africaines de la géotechnique à Kribi, le ministre des Travaux publics ne s’est pas encombré de fioritures pour dénoncer un ensemble de manquements qui ont pris corps dans la construction des infrastructures et qui mettent à mal la solidité et la qualité de celles-ci.
En présence du ministre de l’Habitat et du Développement urbain, Jean-Claude Mbwentchou, Patrice Amba Salla a fustigé l’écroulement récurrent des immeubles, la dégradation précoce des chaussées et l’affaissement rapide des ponts. Des défaillances qui ne vont pas sans conséquences sur le quotidien des populations. Aux pertes en vies humaines, s’ajoute une baisse considérable de la productivité au sein de plusieurs économies du continent. De l’avis des spécialistes, cette situation s’explique par une absence d’études géotechniques à la base, dans un contexte pourtant marqué par une volonté affichée de certains pays africains engagés vers l’émergence. Pour eux, le coût de l’intervention normale d’un géotechnicien dans la mise en place d’un ouvrage représente environ 3 à 5% du coût de la construction, alors qu’une intervention absente ou limitée peut entraîner des coûts exorbitants, pouvant aller du simple au double, voire plus. Raison pour laquelle la présence d’un géotechnicien à toutes les étapes d’un projet de construction est salutaire.
Ces assises qui constituent un forum d’échanges d’expériences entre experts africains et autres sommités planétaires de la géotechnique sont axées sur la construction et la maintenance des barrages; la problématique de mise en place d’un système de qualité au laboratoire (ISO 17025); les innovations en techniques routières; les matériaux innovants pour les bâtiments et ouvrages d’art, et les mesures de lutte contre l’érosion. Placé sur le thème : «Les infrastructures africaines de génie civil du nouveau millénaire» et marqué par une forte présence des laboratoires africains du bâtiment et des travaux publics, ce rendez-vous qui s’achève demain est également une occasion idoine d’échanger sur la construction des ponts et ports en Afrique subsaharienne. Avec la construction de la centrale à gaz et du port en eau profonde à Kribi, le choix de la cité balnéaire est loin d’être un simple voyage d’agrément. Les géotechniciens d’Afrique descendront demain dans ces deux chantiers pour une visite technique.
