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Dossier de la Rédaction

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Le Cameroun en mutation

La semaine écoulée a encore charrié son lot de bonnes nouvelles, sur le front des réalisations économiques. Quelques-unes de plus, quatre en une semaine – excusez du peu – car nous commençons à y être habitués : le démarrage de la construction de l’autoroute Douala-Yaoundé suite au bouclage du financement via Exim-Bank China et le choix de l’entreprise China First Highway Engineering ; le lancement officiel imminent de la construction du barrage hydroélectrique de Lom-Pangar, confirmé par la visite au Cameroun d’un top manager de la Banque mondiale, partenaire du projet; la cooptation du Cameroun dans le club des pays exportateurs de diamant; l’injection en guise de coup d’accélérateur de 20 milliards de francs dans le projet d’exploitation du fer de Mbalam, grâce à une levée de fonds opérée par la compagnie-mère, Sundance Resource Limited.

Pourtant, le risque est grand, dans le brouhaha qui caractérise ces jours-ci la scène politico-médiatique, que ces avancées majeures soient éclipsées par l’écume des jours, ou pire, passent inaperçues. Comme si les Camerounais se trouvaient déjà blasés par l’embellie, après deux décennies de crise économique. Comme si les gens ordinaires ne percevaient pas le lien étroit entre ce salmigondis de chiffres, cette pluie d’annonces, et leur destin individuel.

Aussi ce constat simple apparaît-il évident : il faut assurément communiquer à tous les niveaux, local, national, et supranational, sur le nouveau boom économique, comme il a fallu hier multiplier les messages sur la crise économique, ses origines, ses conséquences, la nécessité de consentir des sacrifices, et les efforts du gouvernement pour en sortir.

L’autoroute Yaoundé-Douala, pour ne parler que d’elle, est l’un des projets les plus emblématiques du moment. Relier par une voie moderne et rapide les deux faces, les deux poumons, les deux pôles du pays, l’un décisionnel et l’autre économique, n’était pas seulement une exigence sécuritaire, mais un enjeu économique et stratégique, dont les retombées se feront ressentir jusqu’aux confins du Tchad et de la Centrafrique, pour qui Douala est une porte d’entrée, et une ouverture sur le monde.

Les bonnes nouvelles se succèdent donc, les investisseurs affluent, les milliards pleuvent. Mais que faut-il en conclure ? Que la prospérité est de retour et les fruits de la croissance prêts à être redistribués? Loin de là. Le Cameroun émerge simplement d’une longue détresse, et se trouve, pour la première fois depuis longtemps, grâce à la vision et au volontarisme du président de la République, avec tous les arguments nécessaires lui permettant de vaincre le sous-développement social et économique. Il s’agit d’une phase de transition économique semblable à celle qu’ont connue hier, avant d’être les géants d’aujourd’hui, certains pays du Sud-Est Asiatique et d’Amérique latine.

Ce constat doit être fait par les citoyens les plus éclairés, sans triomphalisme béat, sans fanfaronnade, avec la conscience claire que si nous sommes près du but, beaucoup reste à faire, et notamment un travail de coordination soutenu, la définition de politiques et de réformes structurelles à même de conforter la confiance des partenaires et d’accélérer le processus, et aussi, une administration efficace et désintéressée.

Mais il nous faut garder de la lucidité pour dénombrer les obstacles à notre marche en avant, et les éradiquer. Il est clair que dans ce registre, la lutte contre la corruption engagée sans merci par Paul Biya est un acquis indéniable. Mais les infrastructures de transport demeurent une priorité. Encore plus de routes, encore plus de ponts, de modernisation et d’extension du rail, ce sera encore le credo au moins pour une bonne décennie. Sans compter une souhaitable montée en puissance de Camair-Co, dont la performance est aujourd’hui bien loin des attentes les plus raisonnables.

En outre, deux secteurs importants devraient prendre une part plus active à la mutation économique en cours. Il s’agit de l’agriculture et du tourisme. La première doit, dans une démarche pragmatique, devenir le socle de notre expansion économique, tant elle garantit, au vu de son potentiel, à la fois la pérennité de la manne, la multiplication des emplois, l’autosuffisance alimentaire.

En réalité, il s’agit de mettre en œuvre sans tarder la nouvelle politique agricole définie par le président de la République lors du Comice agropastoral d’Ebolowa, l’an dernier, avec pour objectif d’atteindre à court terme une meilleure productivité, et de cesser l’importation de vivres.

Quant au tourisme, comment imaginer qu’il soit absent des Grandes Réalisations en cours, alors que le Cameroun passe pour être l’Afrique en miniature? En se saisissant de l’opportunité du partenariat public-privé, le Cameroun, pour peu qu’il en ait l’ambition, peut se doter de nombreux complexes touristiques aux normes internationales, créer ou réhabiliter les monuments et les sites, et capitaliser ainsi le nouvel engouement des investisseurs pour notre pays.

Enfin, les décideurs gagneraient à exploiter de manière optimale la fibre entrepreneuriale des Camerounais, en leur donnant l’opportunité de participer au renouveau économique, à travers la création continue de PME et le renforcement de leur compétitivité. Encore faut-il que l’environnement des affaires soit attrayant pour eux, et que la survie d’une PME ne soit pas comme parfois un long chemin de croix. Encore faut-il que les entrepreneurs jouent le jeu sans velléité de tricherie…

Une chose est sûre : pour gagner la confiance de son propre secteur privé, le gouvernement devra beaucoup dialoguer, et plus encore, agir…

Nous voilà donc tous à la croisée des chemins, témoins d’un moment d’Histoire dont le sens et la portée nous dépassent. Politiques, opérateurs économiques, décideurs, journalistes, citoyens lamda, chacun devra l’écrire à sa manière. Jouons notre partition, pour devenir, nous aussi les acteurs de cette révolution qui se dessine.

 

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