Pendant longtemps, en effet, le lancement des travaux semblait hypothéqué par d’interminables circonlocutions autour du partenaire stratégique, de la longueur du tracé et du coût des travaux. Il fallait donc lever au plus vite ces obstacles majeurs pour que l’horizon se dégage enfin. On se rappelle qu’au plus fort des discussions, sept partenaires environ étaient sur les rangs pour conduire à bon port le gigantesque ouvrage. Un intérêt accru qui témoigne de la viabilité et de la rentabilité du projet qui constitue en soi une grande première pour le Cameroun. La législation camerounaise prévoit, en effet, deux types de routes : les nationales, régies par des textes bien précis permettant, par exemple, le numérotage et les autoroutes non encore codifiées parce que jusqu’ici inexistantes. Désormais, ce sera chose faite et peut-être, plus tôt que prévu. Selon le ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, « le projet de construction va commencer immédiatement ». Ce qui signifie en clair qu’un travail en profondeur a été mené, que plusieurs préalables ont été remplis et que l’officialisation de l’accord de financement n’est que la partie visible de l’iceberg.
Confiés à la compagnie chinoise China First Highway Engineering, les travaux vont porter sur un tracé global de 215 kilomètres, soit une économie de 23 kilomètres sur un trajet actuel d’environ 238 km. Un tel réajustement ne peut qu’avoir un effet bénéfique tant au niveau du coût global du projet qu’à celui du gain en temps pour les futurs usagers. Du coup, l’adage « Time is money » trouve toute sa justification. Avant même que le premier coup de pioche soit donné, l’opinion publique piaffe certainement d’impatience pour voir enfin matérialiser cette fameuse « route à plusieurs voies » que l’on n’apercevait qu’à travers les images importées. Tout semble indiquer que nous aurons aussi droit désormais à ces petits « gris-gris » que l’on croyait réservés aux pays développés et riches. Une évolution tout à fait normale, voire prévisible pour un pays qui aspire à l’émergence. Même s’il semble encore trop tôt pour pavoiser, on peut tenir pour acquis un début d’exécution rapide, connaissant, par ailleurs, l’engagement et la capacité de travail de nos partenaires chinois. Ceci étant, on ne saurait manquer d’attirer dès maintenant le citoyen bénéficiaire sur deux principaux dangers qui planent au-dessus des Grandes Réalisations : l’entretien et surtout les conditions d’utilisation. Il n’est pas trop tôt pour commencer la sensibilisation des chauffards sur les règles élémentaires de conduite, au risque de transformer la future autoroute en tombeau ouvert.