Des mausolées en terre, dont sept ont été détruits ce week-end par les islamistes au Mali, sont d'importants lieux de recueillement et de demande d'intercession pour les musulmans de la région, classés au patrimoine mondial par l'Unesco.
Comment sauver le Mali ? La question n’est pas fortuite au regard de ce qui se passe dans ce pays, membre fondateur de l’Organisation de l’unité africaine (Oua) et qui a généré les Salif Keita, footballeur de talent et musicien de renom qui ont porté très haut le flambeau de l’Afrique. Ce pays qui est en proie à une rébellion féroce dans la partie nord, est meurtrie dans sa chair. Le maître-mot ici est de détruire. Bien évidemment, il ne s’agit pas de détruire n’importe quoi. Mais ce sont des symboles de la nation qui sont ainsi mis à sac. Non sans raison, on peut se poser des questions sur les motivations réelles de ces soient disants intégristes musulmans qui foulent toutes les règles de l’épanouissement de l’homme tout court. Celles-ci ne souffrent d’aucun doute. Et sont incontournables. Elles ont pour noms : l’éducation, la bonne formation et un cadre de vie adéquat protégé et garanti par l’Etat républicain dont l’essence est de promouvoir le bonheur collectif et le progrès pour chacun. Ce qui se passe aujourd’hui au nord du Mali constitue une atteinte grave au bon sens dans toute son acceptation quelle que soit son obédience religieuse. Pourquoi profaner des tombes et procéder à la destruction systématique des lieux saints et classés au patrimoine de l'Unesco au Mali. L'incompréhension est totale tant au sein des musulmans maliens que de la communauté internationale. Le groupe armé allié d'Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique), légitime ces actes en invoquant l'unicité d'Allah. Ces intégristes voient, à travers les mausolées, des signes d’idolâtrie, qu'ils considèrent hérétiques, car, selon eux, on ne peut adorer qu'Allah. Ansar Dine, qui contrôle le nord du Mali au détriment des rebelles touaregs, commet des crimes et des viols dans la ville de Gao, où ils ont notamment posé des mines mardi. Le maire de cette ville du nord-est du pays, Sadou Diallo, a demandé de l'aide à la communauté internationale.
Les mausolées en terre, dont sept ont été détruits ce week-end par les islamistes, sont d'importants lieux de recueillement et de demande d'intercession pour les musulmans de la région, classés au patrimoine mondial par l'Unesco. Ansar Dine, qui contrôle le Nord du Mali, a pris la ville de Gao en otage. Mardi, le groupe armé l'a entouré de mines pour contrer toutes attaques de l'armée ou des touaregs. Pourtant, la pratique de la visite au mausolée d'un saint, dont la généalogie remonte souvent à l'entourage du Prophète, est « très répandue » dans le monde musulman, de l'Indonésie à l'Afrique en passant par l'Asie centrale, et importante dans les pratiques des chiites. « La communauté internationale coincée », celle-ci se doit être solidaire avec le Mali et condamner ces destructions commises par des extrémistes islamistes d’une autre époque. Il est de son devoir et de sa responsabilité, comme hier en Libye, de prendre des mesures pour arrêter ces crimes contre l'héritage culturel du peuple malien.
