L’armée déroge de temps en temps à son image d’Epinal : la grande muette. Elle communique. C’est une facette de la modernité. Mais elle choisit son sujet, le moment aussi, à dessein. La signature lundi dernier à Yaoundé de deux accords de coopération portant sur un prêt américain d’environ 25 milliards de F pour booster le Génie militaire camerounais est l’une de ces opportunités. Le financement américain est destiné à l’acquisition de matériels de génie civil pour le génie militaire camerounais qui renouvelle ainsi ses équipements vieux de 20 ans. 155 engins de génie civil, selon une précision du ministre délégué à la présidence, chargé de la Défense. Le cahier de charges indique, sans ambiguïté aucune, les tâches à accomplir et les périodes d’exécution. Il est question, chaque année, de construire 20 kilomètres de routes bitumées dans les zones urbaines et interurbaines ; 100 kilomètres de routes non-bitumées dans les zones périurbaines, rurales et frontalières ; des écoles, des centres de santé, des logements et des adductions d’eau.

Le cahier de charges ainsi ouvert déroule, sans exhaustivité mais à titre d’illustration, des tâches à accomplir dans le cadre de l’une des missions importantes de l’armée. Au-delà de sa vocation prioritaire d’assurer la paix et de défendre l’intégrité du territoire national, participant dès lors à la création des conditions favorables au développement, elle s’implique dans cette œuvre où aucune force vive n’est de trop. Le thème retenu pour la célébration du cinquantenaire de l’armée camerounaise en décembre 2010 à Bamenda est significatif à cet égard. : « Armée camerounaise et Nation, cinquante ans de symbiose exemplaire au service de la paix, de l’intégrité territoriale et du développement, gage d’un Cameroun prospère et émergent. » Pour le président de la République, chef suprême des armées, ce thème « exalte la valeur de notre Armée, son bilan particulièrement élogieux dans l’exécution de ses missions régaliennes, et son lien indissoluble avec la Nation. » Il s’exprimait ainsi le 8 décembre 2010 à Bamenda, à l’occasion des manifestations marquant le cinquantenaire de l’armée camerounaise.

L’armée, à travers le Génie militaire, a certes déjà eu à accomplir diverses missions de développement des infrastructures. L’on peut, sans prétention à l’exhaustivité, citer les routes Mundemba-Isangelé-Akwa ou Bikoka-Lolodorf ; des puits aménagés dans la zone de Bakassi ; la réfection et la sécurisation des parcours Vita (infrastructures sportives populaires) à Bamenda, à Douala et à Yaoundé…Elle a eu à se déployer dans la distribution de l’eau aux populations notamment urbaines en temps de pénurie.

Cependant, la signature des accords permettant l’acquisition de 155 engins de génie civil pour le génie militaire camerounais intervient alors que le président de la République vient d’engager la Nation à la mise en œuvre des Grandes Réalisations sous le signe desquelles il a placé son septennat.

Les indications énumérées dans le cahier de charges font certainement partie des attentes fortes des populations camerounaises. Les réalisations attendues du génie militaire seront une réponse positive à ces attentes pour l’amélioration de leurs conditions de vie en même temps qu’une contribution à l’accélération de la croissance. Il faut alors espérer et souhaiter qu’un usage rationnel et patriotique soit fait de ces engins du génie civil.