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Noces d’or pour Mgr Owono Mimboé

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Noces d’or pour Mgr Owono Mimboé
« Evêque d’Obala, mon poste le plus difficile »
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L’évêque émérite du diocèse d’Obala célèbre l’événement le 21 juillet à Ngoulemakong, dans le Sud.

Dimanche prochain 22 juillet, cela fera exactement 50 ans que Mgr Jérôme Owono Mimboé a été ordonné prêtre. Le prélat qui a quitté sa charge épiscopale depuis le 4 février 2010, dira en cette occasion une messe solennelle à la paroisse Saints Philippe et Jacques de Ngoulemakong. Là où tout a commencé en 1962. La messe sera dite à 10 heures, en présence des élites, de toute la chrétienneté locale et de nombreux autres invités.

Né le 4 février 1933 à Ebolboum de parents profondément chrétiens, le jeune Jérôme Owono Mimboé entre au petit séminaire St Tarcisius d’Edéa en 1947. Il y reste trois ans, avant de passer au petit séminaire St Joseph d’Akono, puis au grand séminaire d’Otélé et de rétrograder au petit séminaire Sainte Thérèse de Mva’a. Pour y passer son baccalauréat. Son diplôme en poche, il retourne à Akono pour y entreprendre des études de théologie. L’abbé n’y reste qu’un an, car Mgr Thomas Mongo lui obtient une bourse de l’Etat camerounais pour continuer ses études à l’Université de Strasbourg. C’est pendant ce cursus qu’il revient se faire ordonner prêtre à Ngoulemakong, par Mgr Paul Etoga.

De son rappel au pays en 1966, à la création du diocèse de Sangmelima, à sa retraite, l’abbé aura occupé de nombreux postes de responsabilité. Il est nommé comme premier évêque d’Obala le 16 juillet 1987. Charge qu’il assume pendant 23 ans, jusqu’à l’ordination et l’installation de son successeur, Mgr Sosthène Bayemi Matjei.


« Evêque d’Obala, mon poste le plus difficile »

Mgr Jérôme Owono Mimboé revient sur son parcours, à la veille des 50 ans de sa prêtrise.

 

Monseigneur, le 21 juillet prochain, vous célébrez vos noces d’or sacerdotales. Sous quel signe les placez-vous ?

J’ai voulu placer cette fête sous le signe du rassemblement et de la communion. Je souhaite que les élites et toutes les populations de Ngoulemakong prennent, à partir de cette fête, l’habitude de s’unir, dans la tolérance et la vérité, pour faire face ensemble à toutes les sollicitations qui les interpellent. L’égoïsme et l’individualisme sont stériles ou suicidaires ; l’ambition et la cupidité sont destructrices pour construire et développer, et puisqu’il le faut, il est nécessaire de s’unir, de conjuguer toutes les énergies afin de réaliser ce qui est d’intérêt commun et supérieur. C’est à ce prix que les intérêts individuels et particuliers seront garantis.

Cette idée de rassemblement sous-tend aussi bien sûr, la célébration eucharistique. Les grâces que j’ai reçues de Dieu sont si grandes et si nombreuses que j’ai besoin d’être entouré de mes frères évêques et prêtres, de ma famille et de mes amis pour une louange du Seigneur et une action de grâce digne de sa grandeur et de ses bienfaits.

Vous êtes ordonné prêtre le 22 juillet 1962 à Ngoulemakong. Quel souvenir gardez-vous de ce jour-là ?

J’ai gardé du jour de mon ordination sacerdotale, le 21 juillet 1962 à Ngoulemakong de nombreux et beaux souvenirs. Mais celui qui me marque le plus aujourd’hui, c’est celui de la joie simple et rayonnante de toutes les populations. J’étais le premier prêtre du départemnt du Ntem ; celui du Dja-et-Lobo comptait déjà trois prêtres. Ce qui explique d’abord l’affluence des populations accourues de Ngoazip jusqu’à celle de Ndong-Nko (Nyong et Soo) Melang, Ambam, Ebot Nkou et même de  Sangmélima. Et tout le monde respirait la même joie mêlée de fierté et de curiosité.

Nous sommes pratiquement le lendemain de l’indépendance dans un coin perdu du Cameroun. Comment se déroulent les premiers moments de la vie consacrée ?

J’ai été ordonné prêtre alors que l’étais étudiant en France. Après mon ordination sacerdotale je suis reparti en France pour quatre ans encore. Je n’avais donc pas moyen de vivre en direct l’évolution politico-sociale de mon pays. Mais, avec mes autres camarades, nous vivions tous les évènements avec passion et exaltation. Séminariste, puis prêtre, j’étais membre de l’UNEC et de la FEANF, je participais à toutes les réunions, comme Camerounais. Ce qui m’a frappé c’est qu’en France, les étudiants étaient plus informés que s’ils avaient été  au Cameroun.

Comment se présentent les rapports entre le clergé local et clergé expatrié ? Sont-ils conviviaux : d’égal à égal ?

Pour définir les rapports entre le clergé local ou indigène et le clergé expatrié ou missionnaire, il faut connaître l’Histoire et avoir le sens de l’Histoire. Il faut donc savoir que l’évangélisation du Cameroun, par exemple, a été confiée au clergé missionnaire ou expatrié. Puis vint le temps où le clergé indigène ou autochtone fut institué – objectivement – le sens de l’Histoire – son rôle fut d’aider le clergé missionnaire jusqu’au moment où ce clergé autochtone devint assez nombreux et capable de partager à égalité, puis de succéder au clergé missionnaire. Le clergé missionnaire avait beaucoup d’avantages sur l’autre : l’aura du Blanc avait le prestige et le respect dû à tous les Blancs : l’aura du sacerdoce, l’aura de la science et de la technologie, des moyens matériels et des ressources financières.

Je crois que c’est tout cela qui pouvait marquer au début et durant un certain temps, les rapports entre les deux clergés – Il y avait de temps en temps de petits conflits, des malentendus, mais tout cela était inévitable dans une société humaine- Vous remarquerez qu’entre les membres du clergé autochtone aujourd’hui, les relations sont les mêmes, bonnes ou mauvaises. Pour moi, tout était question d’Hommes essentiellement, et non pas question de Blanc ou de Noir.

Vous avez occupé de nombreux postes de responsabilité au service de l’église. Lequel aura été le plus difficile à assurer ?

Parmi les postes de responsabilités que j’ai occupés au service de l’Eglise, le plus difficile aura été celui d’Evêque d’Obala. En effet, j’avais à fonder un diocèse très vaste (14000 km), très étiré ( de Nlong à Minta) et avec la troisième population catholique du Cameroun après Douala et Yaoundé. On m’a montré deux coins de forêt, un pour l’évêché, l’autre pour le petit séminaire. La première chose que j’ai achetée était une paire de bottes et une machette.

De plus, il y avait peu de prêtres. Ainsi le curé de Nkol Asa, l’Abbé Alfred Abega, était curé d’Evodoula, Voa II et Nlong Bon en fondation. Et moi-même je devais régulièrement assurer les messes dominicales ici ou là, célébrer les messes des grandes fêtes partout où un prêtre manquait.

Il fallait organiser le diocèse, créer un esprit, une conscience diocésaine, mobiliser les bonnes volontés, et tenir ferme devant les menaces, les obstacles et les résistances des malveillants. Par-dessus-tout, le poids de la responsabilité est énorme. Dans un diocèse, tout part de l’Evêque ou aboutit à lui, d’une façon ou d’une autre. Quand on pense que le sort éternel de tant d’âmes et le bonheur sur terre de tant d’hommes, femmes, enfants et jeunes, repose sur vous, en partie, on peut trembler. La solution ? Le souvenir qu’un diocèse c’est une portion du peuple de Dieu, qui nous fait la grâce de nous associer à l’œuvre de salut et d’amour qu’il réalise par son fils Jésus-Christ. Il faut au plus faire confiance aux hommes de bonne volonté, car il y en a toujours, prêtres ou laïcs.

Vous accédez à l’épiscopat après une « prophétie » lors de l’apparition de la Vierge Marie à Nsimalen. Quel est votre sentiment à ce moment-là ?

A propos de Nsimalen et des phénomènes qui s’y sont déroulés en 1985 et s’y déroulent encore, c’est vrai qu’on est venu m’annoncer qu’un message de la Vierge m’invitait à aller y célébrer la messe. J’en ai informé l’archevêque feu Mgr Jean Zoa qui m’a autorisé à y aller. C’est vrai que quelques fidèles, dont une religieuse sœur servante de Marie de Douala, encore en vie, qui affirment avoir reçu l’annonce de ma nomination comme évêque un ou deux mois avant le 16 juillet 1987.

C’est vrai aussi qu’un groupe de dévots de la première heure a reçu la consigne d’aller voir l’évêque d’Obala. Mais comme il n’y avait pas encore d’évêque à Obala, beaucoup ont ironisé là-dessus et mis au compte des manœuvres du diable. Mais quelques deux ou trois semaines après, j’étais effectivement nommé évêque, mais sans avoir été au courant des annonces faites à Nsimalen à mon sujet.

Une fois installé évêque, des personnes sont venues se mettre à genoux devant moi pour demander pardon d’avoir douté de ce qui avait été annoncé et surtout de s’en être moquées.

Mon sentiment est que Dieu m’avait une fois de plus manifesté sa bonté et sa miséricorde en me rappelant que j’étais fils de Marie, et en m’invitant par là à avoir une grande dévotion envers elle.

Vous avez pris votre retraite. Quelles œuvres laissez-vous à l’église en tant que prêtre, puis évêque ?

J’ai pris ma retraite, mais je ne peux pas évaluer tout ce que je laisse comme prêtre et évêque. Ce sont les fidèles, les confrères prêtres et autres qui peuvent dire ce que j’ai fait pour eux ou avec eux pour l’Eglise. J’ai enseigné, sanctifié par les sacrements, et gouverner les fidèles qui m’avaient été confiés.

J’ai enseigné 8 ans au Collège Bonneau d’Ebolowa et au Petit Séminaire Jean XXIII, j’ai dirigé 5 ans deux grands collèges à Sangmélima, dont le plus grand collège catholique de l’époque, avec 1600 élèves ; j’ai été vicaire de paroisse 9 ans à Sangmélima. Evêque, j’ai formé et ordonné 87 prêtres etc. Bref, sur le plan pastoral et éducatif, j’ai aimé être éducateur, par la catéchèse et l’enseignement – car j’avais été formé pour cela. Et si je pense avoir fait quelque chose pour mon pays et mon église, c’est sur ces deux plans de l’enseignement, de la formation.

Je laisse au diocèse 82 prêtres sur les 87 que j’ai ordonnés. J’y laisse aux 24 paroisses créées, un grand Evêché que beaucoup apprécient, un Petit Séminaire fonctionnel.

Il y a ce chantier de la cathédrale d’Obala qui n’a jamais pris corps avec vous, malgré des opérations de collecte de fonds lancées par vos soins. Qu’est-ce qui n’a pas marché ?

S’agissant de la cathédrale d’Obala, on ne peut pas dire que « le chantier n’a jamais pris corps », mais plutôt que le projet n’a pas pris corps. Il est important de noter que, dans un diocèse rural comme celui d’Obala, la construction d’une cathédrale ne peut pas être un projet prioritaire. Au grand diocèse de Bafoussam, la pose de la première pierre de la cathédrale a été faite il y a tout juste quelques mois, soit plus de 41 ans après sa fondation.

Vous observez aussi que des 24 diocèses du Cameroun, 6 ou 7 seulement ont « construit » des Cathédrales : Douala, Nkongsamba, Bamenda, Bertoua, Garoua, Yaoundé. Tous les autres diocèses ont pour cathédrales des églises qui ont été de simples églises paroissiales. S’agissant d’Obala, il n’y a pas eu des opérations de collectes de fonds. Elle a donné 20.000.000 de francs soit 1/100 du devis qui est de 2.000.000.000 CFA (deux milliards). Ces 20.000.000 CFA ont servi à dédommager quelques occupants illégaux du terrain titré au nom du Diocèse. D’autres occupants ont refusé de partir, à organiser les nouvelles obsèques pour les corps exhumés, et surtout ceux qui ont refusé de partir nous ont porté plainte à Monatélé. Nous avons dû payer un avocat. Le procès a duré près de 3 ans, jusqu’à la cour suprême.

Ce qui restait des 20.000.000 CFA ne pouvait plus servir même pour faire faire les études techniques de pédologie. Et on ne pouvait pas entamer les travaux avec 4 ou 5.000.000 CFA pour un tel projet.

Maintenant que vous êtes à la retraite, quel regard portez-vous sur la dégradation des mœurs dans notre pays ?

Le regard que je porte sur la dégradation actuelle des mœurs est le même qu’avant : la corruption a fait l’objet d’une lettre pastorale des Evêques du Cameroun, lettre que j’ai signée. D’autres phénomènes deviennent très répandus : les avortements, l’inceste, l’homosexualité, le vol et le mensonge, etc. Nous sommes entrés dans un monde sans morale, un monde où le bien ne se distingue plus du mal, un monde sans Dieu. Le mal camerounais est un mal moral – et dans la confusion générale, sans loi morale, sans Dieu, la dégradation des mœurs est inévitable. Cela est très inquiétant car notre monde va vers sa ruine, parce qu’il est un monde sans Dieu, et sans conscience de la distinction du bien et du mal.

 

 


 

 

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