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Quand Moscou coachait les journalistes

Index de l'article
Quand Moscou coachait les journalistes
L’Afrique au Sommet
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Du 4 au 7 juillet dernier, la capitale russe a accueilli la seconde édition du Sommet mondial des médias. Au menu, l’éthique et la déontologie, l’Internet, la survie des entreprises de presse, les médias à l’heure des révolutions politiques et sociales.

Dans le superbe complexe du World Trade Centre, c’est la présidente de la Duma (Parlement) de la Fédération de Russie qui a donné le coup d’envoi des travaux du Sommet mondial des médias, après que les messages de bienvenue du président Vladimir Poutine et du Secrétaire général des Nations Unies eurent été projetés. Beaucoup d’excitation et de bienveillante curiosité chez les journalistes, en foulant le sol de la Russie, pays que beaucoup visitaient pour la première fois. Et de fait, certains clichés tombent dès que l’on est confronté à la réalité russe. Au plan politique, la Russie vit une espèce de printemps, à sa manière. Depuis décembre 2011, le pays compte désormais sept partis politiques, après l’adoption d’une loi libéralisant la vie politique. La Duma examine également, en ce moment-même, de nouvelles lois économiques, qui permettront l’adhésion du pays à l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), de même qu’un cadre juridique de lutte contre la corruption, notamment en vue du contrôle des marchés publics et du train de vie des fonctionnaires.

Quant au paysage urbain, il réserve aussi quelques surprises. Il faut dire que Moscou, traversée par le fleuve éponyme, lui-même enjambé de jolis ponts, est une cité rayonnante et typée. « La plus grande ville d’Europe », révèle son jeune maire au cours du dîner-spectacle qu’il a offert aux journalistes. Un style architectural unique, des avenues larges et illuminées, des monuments mythiques… Son climat rigoureux, la longue saison hivernale, et le caractère encore un peu fermé des habitants, qui apprennent à apprivoiser le capitalisme – et la crise économique – après avoir subi le dirigisme communiste, pourraient cependant décourager plus d’un Africain… Et pourtant, l’on en rencontre quelques-uns dans les rues ou dans les couloirs du métro.

Les journalistes n’auront cependant eu que peu de temps pour admirer le décor, tant les sujets à l’ordre du jour de ce Sommet étaient prenants, complexes, et les orateurs brillants et expérimentés. Parmi les nombreux sujets abordés, trois peuvent être considérés comme majeurs.

Conjurer le chaos sur Internet

En premier lieu, l’Internet et les réseaux sociaux (blogs, Facebook, etc.). Tout en proclamant que ces nouveaux médias sont une chance pour le journalisme et l’exercice des libertés, les participants ont souligné la menace qu’ils constituent pour la survie des médias traditionnels, et déploré les nombreuses dérives de la « démocratie électronique. » L’ère du contrôle des médias est révolue, a déclaré la présidente de la Duma, mais face aux dérives, l’Etat doit être transparent, et garder une position active, non pas pour museler mais pour dialoguer, et mettre sur pied des règles et des normes afin de réguler les médias. A cet égard, il n’y a pas de modèle idéal, a-t-elle martelé. « Internet nous permet de nous débarrasser de l’influence néfaste de certains Etats », déclare Taylor Martin, le PDG de Reuters pour contrer l’influence d’internet, 3 qualités : la précision, l’impartialité, le respect de tous, conclut-il . « Quelles que soient les évolutions technologiques, rien ne peut remplacer un reporter impartial qui relate des faits précis, vérifiés et vérifiables », opine un participant.

Comment survivre ?

Partout dans le monde, les tirages des journaux sont en baisse, les entreprises de presse font faillite, et pourtant les hommes consomment de plus en plus d’informations, comme si notre société ne pouvait subsister sans l’information. Quels choix devront donc opérer les médias pour survivre dans ce contexte ? Sur ce thème, sans doute le plus important du Sommet, le président de l’Agence Chine Nouvelle (XINHUA) Li Congjun, propose trois pistes : « Nous devrons nous donner pour finalité de stimuler le progrès de l’humanité en traitant avec plus d’attention les sujets sociaux, nous devrons travailler à l’impartialité et à l’objectivité de notre traitement de l’information, enfin, il est urgent d’investir dans la formation et le recyclage des journalistes ». M. Li Congjun explique en effet que pour survivre, les médias doivent se transformer. Prendre en compte la révolution numérique, en tirer parti et s’adapter aux besoins du marché et du public. Tout en favorisant une coopération tous azimuts entre médias, indispensable dans un monde globalisé en constante mutation. En écho, le président de l’Agence de presse d’Azerbaïdjan a estimé que l’investissement ainsi consenti pour la qualité des contenus méritait que les officiels s’investissent pour mettre en place des législations pour les protéger. Malheureusement, pendant que se déroulait ce Sommet, l’Union européenne rejetait une directive visant à lutter contre la piraterie sur Internet. Les participants ont invité les médias à ne pas baisser les bras, à utiliser des logiciels de protection pour traquer les pirates de l’information.

La conclusion énoncée par le président de l’Agence Chine Nouvelle sur la nécessité de légiférer dans ce domaine, laisse entrevoir une rude bataille à venir entre le lobby de plus en plus puissant du Sommet mondial des médias, et les politiques…

L’éthique et la déontologie : partout le même combat

La belle conclusion des journalistes : les médias sont un trésor national que les Etats doivent soutenir et préserver, par tous les moyens, soulève nécessairement la question du renvoi d’ascenseur du journaliste à la société qui le couve. Quels sont ses devoirs envers elle ? Comment en demeurer digne ? L’éthique professionnelle et la responsabilité sociale des médias étaient l’un des points chauds du débat. Un journaliste indien dénonce l’attitude des grands journaux indiens lors des dernières consultations électorales, qui se sont fait payer par des candidats pour présenter leur programme et leur idéologie comme des informations. Toute honte bue.

Le journaliste norvégien Kfell Dragnes, qui dispense aussi des cours de déontologie journalistique à l’université de Moscou, dénonce le phénomène des « paid journalists » – en français, journalistes payés, ou à la solde – qui écument les rédactions en écrivant des articles purement et simplement dictés mais présentés au lecteur comme de l’information. Une directrice de publication d’Ossétie du Sud s’en prend au compte-rendu volontairement partial et biaisé des journalistes occidentaux, dans leurs reportages sur l’invasion de cette petite République par la Géorgie. Du fait des relations conflictuelles entre l’Union européenne et certaines anciennes républiques soviétiques, proches de la Russie aujourd’hui.

Les exemples pourraient se démultiplier à l’infini. Une seule certitude, martelée et réaffirmée par tous : les journalistes ont une responsabilité sociale. Ils doivent demeurer au service de la vérité, et non de l’argent, des individus, ou des lobbies



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