La semaine dernière a été marquée au Cameroun par un important débat relatif à l’avenir du soutien par l’Etat des prix des carburants à la pompe. Ce débat a d’autant plus retenu l’attention des Camerounais de toutes les catégories sociales que non seulement le pétrole lampant, le gasoil et le super sont des produits de consommation de masse, mais leur subvention visait à préserver le pouvoir d’achat des populations les plus démunies dans le cadre de l’opération de lutte contre la vie chère, lancée en 2008 par le gouvernement, au lendemain des émeutes dites de la faim.

Des déclarations des experts des questions économiques, financières et pétrolières (directeurs généraux du Budget au ministère des Finances, de la Société nationale de raffinage, de la Société camerounaise des dépôts pétroliers et du représentant du directeur général de la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures), le grand public a beaucoup appris. Il a entre autres retenu que la subvention des prix des carburants à la pompe qui est de 1089 milliards pour la période allant de 2008 à 2012, dont une prévision de 400 milliards pour l’année en cours est devenue insoutenable pour le budget de l’Etat. Un budget qui pourrait être soumis à une plus forte pression en cas de hausse du prix du brent (pétrole brut) sur le marché international.

Ce que l’opinion nationale a également compris c’est que la subvention qui était une bonne idée au départ, parce qu’elle devait profiter en priorité aux couches les plus défavorisées, bénéficie davantage aujourd’hui aux plus nantis. D’autre part, les Camerounais ont retenu que dans la difficile conjoncture mondiale actuelle, marquée par la rareté voire la chèreté des crédits, le gouvernement pourrait réaliser sur fonds propres de nombreuses infrastructures : routes, hôpitaux, écoles, barrages hydro-électriques… grâce aux financements alloués au soutien des prix des carburants à la pompe.

Pour savoir ce que les Camerounais pensent du débat en cours, qui gagne en intensité au fil des jours, CT est allé à leur rencontre dans les dix régions du pays. De leurs réactions, il ressort quatre principales idées :

1 – Compte tenu du poids de plus en plus lourd de la subvention des carburants dans le budget de l’Etat, ils sont favorables à sa réduction ;

2 – Ils souhaitent que les économies réalisées soient investies dans la construction des infrastructures ;

3 – Tous les Camerounais interrogés ne veulent pas qu’on touche au soutien du prix à la pompe du pétrole lampant qui apparaît à leurs yeux comme une véritable mesure en faveur des plus démunis ;

4 – Ils souhaitent que le gouvernement pense aux mesures d’accompagnement pour amortir le choc chez ceux qui seraient les plus touchés par une éventuelle réduction de la subvention des prix des carburants, c’est-à-dire les transporteurs.