Commencés en juillet 2011, les travaux avancent timidement à cause des indemnisations toujours attendues.

Incontestablement, la route Sangmelima-Ebolowa par Mengong, est en train d’être construite. Ce vendredi 20 juillet 2012, les voyageurs de cet axe routier en chantier sont saisis par un spectacle de grande démonstration. Sur une des rivières, entre les villages Meyo et Akak, à une vingtaine de kilomètres de Sangmelima, l’un des treize dalots est en train d’être coulé. Un camion-toupie déverse sa cargaison de béton dans le coffrage construit en bois, pour mouler le troisième des quatre murs prévus. La manœuvre mobilise ouvriers et ingénieurs de service qui font tous preuve d’une attention particulière. Javier Peña Sola, le conducteur des travaux du projet, s’assure que tout est fait et exécuté dans les normes. Et derrière lui, se trouve un géotechnicien affrété par le Labogénie. Daniel Déchambre Mbenoun veille au grain, pas seulement sur les ouvrages d’art comme celui-ci, mais aussi sur la qualité d’exécution des travaux et de celle des matériaux utilisés.

En effet, l’entreprise espagnole, qualifiée de « bleue » voudrait démontrer ici son expertise dans ce type de travaux. Avec la centaine d’ouvriers et cadres camerounais employés, les travaux, ont déjà connu un taux d’exécution de 40% sur le tronçon numéro I qui porte sur les 10 premiers des 74 km du projet.

Depuis le pont sur la Lobo, à quelques encablures du carrefour Mefo, les dégagements sont terminés. Des pelles excavatrices, ces énormes engins à chenilles, creusent, bêchent et chargent les camions bennes de boue dégagée ou, plus loin, de latérite. Les travaux de déblai et de remblai se déroulent parfaitement bien dans ce premier tronçon de dix kilomètres. Et à travers de nombreuses déviations, l’on peut apprécier combien le tracé de la route a été revu et corrigé. Ce qui a eu pour conséquence de ramener la distance Sangmelima-Mengong de 84 à 74 kilomètres. Une réduction de dix kilomètres donc, pour une route, annonce alors le maître d’œuvre, qui aura moins de collines et moins de tournants.

Indemnisations

A bien observer le site des travaux, entre les villages Akak-Esse et Meyo, on remarque tout de suite que les engins espagnols purgent les marécages, enlèvent toutes les saletés, posent des pierres, des filtres qui empêchent la remontée des eaux et, enfin, les couches de latérite…Ces bulldozers évitent les habitations pourtant marquées de numéros et de croix de Saint-André. Les conducteurs de ces engins ignorent également les tombes, les points d’eau, les centres de santé, les écoles et les plantations…Raison ? Tout simplement que l’emprise du projet n’est pas encore libérée, expliquent les responsables de l’entreprise. « Les populations attendent toujours d’être indemnisées », affirme le conducteur des travaux espagnol.

« Le préfet du Dja-et-Lobo est descendu sensibiliser. Aussi toutes les zones vertes non mises en valeur ont été libérées et nous pouvons travailler », précise Javier Peña Sola’ qui ajoute : « Si l’emprise avait déjà été complètement libérée, nous serions bien avancés. Les populations, quant à elles, attendent.

C’est dire que lorsque l’« obstacle » des indemnisations sera levé, les travaux seront faits de façon plus cohérente, linéaire et ponctuelle. Ceci, affirment les experts, permettra à l’entreprise d’utiliser de façon plus efficiente les engins et personnels mobilisés sur le site, tout en faisant des économies en temps et en argent. Malgré ce « coup de frein », les travaux avancent tout de même. Comme ici, à Akak-Esse. La nature, depuis des millénaires, se mêle à la réussite de ce grand projet structurant. Une immense carrière de 4 hectares offre alors à l’entreprise ibérique le matériau nécessaire en graviers et sables divers. D’énormes perceuses et concasseuses s’activent sur le site où, en ce 20 juillet, est prévu un tir d’explosifs. Sur une zone attenante, d’autres ouvriers s’activent à produire des ouvrages de maçonnerie (buses et autres). Et bien plus loin, l’entrepôt des explosifs et détonateurs, gardé par des gendarmes.

« Nous tiendrons les délais »

Javier Peña Sola’, ingénieur-conducteur des travaux.

Quel est l’état d’avancement des travaux ?

Tout le projet d’exécution est entièrement défini et porte sur 74 km devant désormais relier Sangmelima à Mengong. Nous avons terminé les travaux d’implantation sur l’ensemble de l’emprise du projet routier. Il manque seulement l’implantation de certains ouvrages secondaires. S’agissant des travaux proprement dits, nous avons commencé les 10 premiers kilomètres en libérant les zones de cultures et en évitant les maisons et les tombes. Par ailleurs, nous avons commencé la réalisation de quelques ouvrages aussi relatifs à la construction des ponts et dalots. En sommes, sur les dix premiers kilomètres, nous avons exécuté 40% des travaux prévus et nécessaires au bitumage définitif. Nous avons également attaqué un autre tronçon de dix kilomètres. Nous allons bientôt entamer le deuxième tronçon et nous irons ainsi de tronçon en tronçon de dix kilomètres.

Ce rythme de travaux reflète-t-il ce qui est prévu sur le cahier de charge ?

Parfaitement. Pour les trente mois dont nous disposons pour conduire à terme cet important projet du gouvernement du Cameroun qui a commencé le 27 juillet 2011, nous allons livrer le marché à temps. Mais, la question des indemnisations des populations installées sur l’emprise du projet freine l’évolution des travaux. Il faut résoudre ce problème au plus vite. Cet obstacle levé, les travaux iront bien plus vite. En ce qui concerne la météo, il n’y a rien à craindre. Même en pleine saison de pluies, nous pouvons toujours avancer avec le type de travaux exécutables, à l’instar du remblai-déblai. Dans ce contexte, nous avons deux millions de m3 de déblai en plus de remblai. Il s’agit d’un travail que nous pouvons exécuter même en saison de pluies. Nous allons faire tout notre possible pour tenir les délais.