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Ces mères qui tuent leurs bébés - « La perte de nos valeurs y est pour beaucoup »

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Ces mères qui tuent leurs bébés
« La perte de nos valeurs y est pour beaucoup »
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« La perte de nos valeurs y est pour beaucoup »


Samuel-Béni Ella Ella, PhD, Sociologue de la population et du développement, Département de Sociologie, Université de Yaoundé I.

Qu’est-ce qui peut expliquer la multiplication des cas d’infanticide relatifs aux nouveau-nés, alors même que les méthodes de contraception sont vulgarisées ?

D'une part, la perte de nos valeurs traditionnelles y est pour beaucoup. L'enfant n'est plus une richesse ou un don de Dieu et enfanter n'est plus un acte honorable ou un modèle social pour nombre de mères d’aujourd'hui (chez les Beti du Sud-Cameroun, la femme qui vient d'accoucher est appelée " la femme accomplie"). D'autre part, une chose est de vulgariser la contraception moderne, une autre est de démocratiser l'accès à cette contraception : combien d’hôpitaux de base (commune, village) disposent des services et du personnel spécialisés? Là est aussi le problème.

Comment une jeune fille ayant commis un tel forfait peut-elle vivre la situation durant le reste de sa vie ?

Apparemment, elle se sent libérée de sa charge financière (le futur nouveau-né), si l'opération réussit. Au cas contraire, il peut y voir des séquelles physiques. Mais, le vrai juge étant la conscience individuelle, elle vivra dans le remord, le regret toute sa vie. Surtout, lorsqu'elle se rendra toujours compte de son acte déviant... Et puis il faut reconnaître que quand on a blessé la morale en abandonnant un bébé dans une poubelle, le remord peut être si fort que l’auteur du crime soit obligé de l’avouer un jour pour expier le forfait. Il peut l’avouer à un prêtre ou un pasteur.

Un nouveau-né dans une poubelle ou un champ : c’est presque devenu ordinaire. La société ne se rend-t-elle pas complice du phénomène qui se banalise ?

Bien sûr que si, parce que notre société se contente d'établir des normes sociales sans s'occuper de leur application quotidienne. Or, la déviance est le produit de la réaction des autres. Autrement dit, le caractère déviant d'un acte dépend de la manière dont les autres membres de la société réagissent à cet acte. La peur du gendarme étant le commencement de la sagesse, que font les défenseurs de nos coutumes, une fois qu'un membre du groupe est accusé d'avortement ou d'abandon du fœtus? Que font nos multiples églises? Une chose est de marcher contre le Protocole de Maputo (qui n'autorise pas l'avortement illégal), une autre est de réprimander systématiquement toute personne coupable d'avortement ou d’abandon de bébé. Que font nos magistrats, une fois informés d'un acte d'avortement illégal puni par l'article 337 de notre Code pénal ? Finalement c’est une responsabilité qui ne se limite pas au simple coupable.




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