Les 30 MW à produire à Lom-Pangar combleront la demande à l’Est pendant que le réservoir d’eau optimisera la production des centrales de Song-Loulou et d’Edéa.
Le projet d’aménagement hydroélectrique de Lom-Pangar, dont la première pierre a été posée, vendredi dernier, par le chef de l’Etat Paul Biya, se décompose en trois lots relevant de la construction et de la mise en service d’un barrage-réservoir de six milliards de mètres cubes d’eau, d’une usine de pied d’une capacité installée de 30 mégawatts (MW) et d’une ligne de transport électrique de 90 KV d’une longueur d’environ 105 km entre le site du barrage et Bertoua, le chef-lieu de la région de l’Est.
Dans cette région, stricto sensu, la centrale hydroélectrique de 30 MW ouvrira des perspectives nouvelles pour l’électrification du réseau isolé de l’Est, alimenté aujourd’hui grâce à l’énergie thermique (moins de 10 MW). C’est dire que les quantités d’énergie électrique offertes aux ménages, aux administrations et aux entreprises de la région vont tripler dans moins de cinq ans. Concrètement, la desserte de près de 150 localités rurales sera rendue possible, ainsi que le raccordement de plus de 10 000 ménages.
Sur un plan plus large, l’aménagement de Lom-Pangar s’inscrit dans la continuité du développement du potentiel hydroélectrique du fleuve Sanaga- le plus long du Cameroun avec ses 918 km - amorcé dans les années 1950. Les travaux en cours à Lom-Pangar concourent à la valorisation de l’énorme potentiel qu’offre le bassin versant de ce fleuve en matière d’aménagement de réservoirs en amont, au fur et à mesure des mises en service des différents ouvrages. Pour le moment, les deux centrales hydroélectriques aménagées sur la Sanaga (Song-Loulou entre 1981 et 1988 et Edéa dans les années 1950) assurent environ 90% de la production de l’énergie au Cameroun. En amont de ces ouvrages, la construction de trois barrages-réservoirs (Mbakaou en 1969, Bamendjin en 1974 et Mape en 1988) sur la Sanaga complète le système de production hydroélectrique qui alimente actuellement le Réseau interconnecté Sud (RIS) couvrant six des dix régions du pays (Centre, Ouest, Nord-Ouest, Sud-Ouest, Sud, Littoral).
170 MW en plus pour le réseau Sud
Seulement, aujourd’hui, le débit moyen de 640 mètres cubes par seconde sur le fleuve en période d’étiage (niveau moyen le plus bas d’un cours d’eau, en saison sèche) s’avère insuffisant pour saturer les installations de Song-Loulou et Edéa. La construction du barrage-réservoir de Lom-Pangar, qui sera équipé d’une retenue d’eau de six milliards de mètres cubes, permet donc de donner une réponse à la baisse tendancielle des apports de la Sanaga observée, ces derniers temps. Le réservoir de Lom-Pangar représentera à lui tout seul la somme des trois existants. Il augmentera sensiblement le débit régularisé de la Sanaga pour le porter de 640 m3/s à 1040 m3/s durant la saison sèche. Ce faisant, les usines hydroélectriques de Song-Loulou et d’Edéa seront saturées et pourront ainsi atteindre leur productibilité. La puissance complémentaire qui sera produite par Song-Loulou et Edéa grâce à la seule retenue d’eau de Lom-Pangar est estimée à 170 mégawatts.
Par ailleurs, la possibilité qu’offre le bassin versant de la Sanaga d’aménager des réservoirs en amont, permet au fur et à mesure des mises en service de renforcer le débit régulé garanti du fleuve pendant l’étiage. Toutes les études de planification effectuées, ces dernières années, sur le RIS, concluent que Lom-Pangar est l’ouvrage le plus important en termes de capacité de stockage qui puisse être réalisé dans le bassin de la Sanaga. Signalons enfin que la réalisation d’un nouvel ouvrage sur la Sanaga (projets de barrage hydroélectrique de Nachtigal et de Song- Mbengue dans le pipe) ne saurait être envisagée de nos jours sans cette capacité de stockage supplémentaire que représentera le réservoir de Lom-Pangar. D’où, à juste titre, sa qualification de projet structurant dans la stratégie gouvernementale visant à assurer à moyen et à long termes l’approvisionnement en électricité du pays au moindre coût.
