Pour Bertrand Magloire Mendouga, après les J.O le réservoir de boxeurs reste énorme au cameroun.

Une semaine après le départ des boxeurs camerounais, dans la discrétion, du Village olympique, ce fait divers continue d’alimenter les conversations. Thomas Essomba (49 Kg), Blaise Yepmou (91 Kg), Christian Donfack Adjoujack (81 Kg), Serge Ambomo (64 Kg), Abdon Mewoli (60 Kg), restent introuvables. Injoignables. C.T s’interroge sur les perspectives de la boxe camerounaise, l’une des disciplines sportives avec le football et l’haltérophilie exposée à la saignée des talents ces vingt dernières années. Avant la dernière vague, les Sakio Bika, Hassam Ndam, Herman Ngountcheu, Carlos Takam…, avaient déjà fait fausse route au Cameroun. C’est donc une bien triste tradition qui est ainsi perpétuée. Bertrand Magloire Mendouga, président de la Fédération camerounaise de boxe, exprime son amertume. Les efforts fournis pour qualifier cinq boxeurs camerounais aux J.O –une première pour le Cameroun-ont été ternis à la phase terminale. Il laisse néanmoins entendre que l’espoir d’une relance est permis si les leçons de ces J.O sont tirées même si la moitié de l’équipe nationale est décimée.

« Le réservoir reste énorme »»

Bertrand Magloire Mendouga, président de la Fécaboxe, relativise

Comment réagissez-vous à la désertion de cinq boxeurs camerounais à Londres ?

Avec beaucoup de tristesse. C’est un moment de deuil pour la boxe camerounaise qui se signale de manière négative. Là où on devait revenir avec les lauriers, nous revenons plutôt par la petite porte. Nous perdons les cinq meilleurs dans leurs catégories. Ce sont des valeurs réelles. La boxe compte dix catégories, toutes pratiquées au Cameroun. Ces cinq boxeurs avaient des doublures. Ce n’est pas la première fois que nous enregistrons ce type d’incident. En 2009 déjà, Thomas Essomba nous avait fait fausse route en Italie. Quelques mois plus tard, il est revenu parce que ses perspectives étaient sombres. Entre-temps, il est devenu champion d’Afrique, a remporté la médaille d’or aux Jeux africains, a été élu Meilleur athlète camerounais de l’année 2011 lors des Cameroon Olympic Awards… Etant donné qu’ils ne sont pas en situation irrégulière, ils peuvent toujours se replier dans les pays tels que l’Ecosse, le Pays de Galles, l’Irlande ou même rester en Angleterre. Il faut quand même reconnaître que les boxeurs sont très demandés sur le marché. La boxe camerounaise ne repartira pas de rien. Ce n’est pas un K.O définitif. Il y a un potentiel et un réservoir énormes.

De manière générale, quelle lecture faites-vous de la prestation du Cameroun aux J.O ?

Que ce soit la mauvaise performance ou la désertion des athlètes, ce n’est que l’aboutissement d’une cacophonie énorme qui a commencé depuis janvier 2012. A Londres, notre pays avait cinq possibilités différentes de médailles en boxe. Nous étions engagés dans cinq catégories. La boxe était la discipline la plus importante. Après avoir qualifié les athlètes, les fédérations sportives ont été exclues au dernier moment…Nos athlètes ont été condamnés à l’avance.

Avez-vous néanmoins un espoir de récupérer vos boxeurs ?

Il faut quand même reconnaître que les boxeurs sont très demandés sur le marché. Le tapage médiatique fait autour de leur désertion constitue une publicité extraordinaire pour eux. Honnêtement, c’est parce qu’ils n’ont pas de réponses à toutes les questions. Depuis 20 ans, ce type de choses se reproduit quasiment à chaque compétition. Là, la moitié de notre équipe nationale est décimée. Je suis pessimiste quant aux chances de retour de ces pugilistes. La limite d’âge en boxe est de 34 ans. Au-delà de cet âge, on ne peut plus boxer. Les boxeurs partis ont entre 24 et 28 ans. Je pense qu’ils chercheront à sécuriser leur avenir. Ce qu’on peut comprendre.